Jim Harrison ne rentre pas dans le moule de l'auteur classique de romans anglo-saxons, et
son autobiographie nous le prouve. Ses mémoires (car il s'agit plus de mémoires que d'une autobiographie chronologique relatant sa vie)
nous amènent à découvrir un poète hors norme, plus porté sur la bouteille et les femmes (surtout les
strip-teaseuses) que d'aucuns pourraient le supposer, rappelant énormément le poète Martin Silenus d'
Hypérion de
Dan Simmons, à croire que l'auteur de SF s'est fortement inspiré de
l'écrivain. Mais peut-être est-ce le fruit du hasard.
Harrison revient sur l'accident qui lui a couté son oeil, ses premiers émois
amoureux, puis son mariage, sa femme, sa famille et sa belle-famille, ainsi que son rapport amour/haine avec Hollywood, ainsi que les fortes
amitiés qui en ont découlées (en particulier avec l'acteur mondialement connu
Jack Nicholson). En effet, alors que l'auteur
est avant tout poète et auteur de romans et nouvelles, sa fortune a été faite grâce à l'industrie du cinéma,
en écrivant des scénarios, qui bien souvent n'ont pas abouti. Ce point est d'ailleurs typique de l'industrie du Septième art,
certains scénaristes ayant même réussi à faire fortune sans qu'aucun de leur scénario ne soit porté à
l'écran. C'est presque le cas de
Jim Harrison, dont relativement peu de scripts ont
aboutis, et ceux qui ont été portés ont rarement satisfait l'auteur, là encore un grand classique du monde du
cinéma.
Mais le monde de
Jim Harrison ne s'arrête pas là loin s'en faut! En effet,
l'auteur est beaucoup plus attiré par la campagne, et tous les plaisirs qui en découlent (calme, animaux, nature, pêche, chasse et
solitude) que par la ville et son fourmillement. Comme tout homme,
Jim Harrison est plein
de contradiction; les siennes l'attirent vers New-York, alors qu'il déteste vivre dans les villes (et les new-yorkais encore plus). Il faut
dire que la ville, tout comme Paris, dégage pour lui l'exubérance littéraire de tous ses auteurs favoris, et il pense retrouver
les sensations fantasmées lors de ses lectures. Il y arrivera d'ailleurs en partie.
Hédoniste devant l'éternel (même si sa religiosité n'est pas claire, même pour lui),
Harrison nous plonge dans ses excès de boissons, de nourriture et de drogue sans
tabou aucun, au travers de rencontre avec ses amis auteurs, acteurs ou encore producteurs, à travers le monde (U.S.A., Mexique et France
essentiellement). L'homme semble avoir échappé au pire, car malgré l'abus de substances dangereuses, l'écrivain a toujours
réussi à s'en sortir.
C'est par contre moins vrai psychologiquement, l'homme enchaînant tout au long de sa vie les crises de dépressions, sans doute
intimement liées à sa façon extrême de vivre son art. Son entourage est pour beaucoup dans sa survie jusqu'à
aujourd'hui, ainsi que son goût pour les grands voyages (à pied de préférence), au travers des U.S.A., loin de la
civilisation, au contact direct avec la nature.
Cet essai nous en apprendra encore beaucoup sur sa sexualité (l'auteur arrive cependant à éviter de parler de sa vie sexuelle avec
sa femme, ce qui avouons le n'intéresse strictement personne), et en particulier de son goût prononcé pour les professionnelles,
strip-teaseuses en particulier. Les gens facilement choqués par le sexe de devront pas lire ce roman autobiographique, tout comme d'ailleurs
ses livres.
Un livre qui nous en apprend plus sur un auteur important du XXème siècle, indispensable pour les fans et très intéressant
même pour ceux qui n'ont jamais lu un roman de
Jim Harrison.