Fritz Leiber continue la saga des deux aventuriers et amis Fafhrd et Souricier gris, qui cette
fois-ci les entraîne dans un complot d'invasion de leur chère ville de Lankhmar, invasion totalement inattendue, puisque venant des sous-sols
de la ville, et orchestrée par des rats à l'intelligence toute humaine.
Pour la première fois du cycle, le récit des aventures des deux voleurs prend la forme d'un roman, et non plus de nouvelles, comme l'auteur
nous avait habitué jusque là. Le choix est heureux, permettant de renouveler l'intérêt du lecteur, en l'emmenant vers de nouveaux horizons
littéraires, en permettant à l'histoire de s'installer, et aux personnages de se développer. Le style ne change cependant pas, avec
toujours cette pointe d'humour qui lui est propre, ainsi que les références aux grands noms de la fantasy, que ce soit le maître du genre,
J.R.R. Tolkien, dont
Fritz Leiber
s'est très intentionnellement inspiré (pour mieux s'en éloigner) lors de la création de son cycle, mais aussi
R.E. Howard, avec son
Conan (dont Fafhrd semble être une copie conforme, des origines jusqu'au physique et au goût pour les
filles et la boisson). Cependant, jamais l'auteur ne se vautre dans la plagiat, ce que d'autres moins talentueux n'auraient que difficilement
évités. Chez
Fritz Leiber inspiration ne veut jamais dire copie, mais bien
hommage.
En dehors de ces classiques du genre, l'auteur s'intéresse aussi aux légendes allemandes, et plus particulièrement au mythe du flutiste de
Hameln, qui hypnotisait les rats et faisait chanter la ville de Hameln grâce à ce talent. L'auteur transpose cette histoire dans le monde
de Newhon, où la magie est reine, et invente cette histoire de rats intelligents cherchant à tromper les habitants de Lankhmar. Quelques
années plus tard, l'auteur britannique
Terry Pratchett s'intéressera à la
même légende dans son roman satirique et parodique,
le fabuleux Maurice et ses rongeurs savants. Tandis que chez
l'un le but premier est de faire rire, chez le second, l'aventure prime avant tout.
Comme toujours avec
Fritz Leiber, la lecture de l'un de ses récit est passionnant, non
pas tant dans le fond que dans la forme, pure fantasy d'aventures comme peu savent en faire. Seul
R.E. Howard a su donner dans le genre de la
fantasy un tel engouement pour des personnages imaginaires évoluant dans un univers de pure fantasy, où magie et mystères sont
monnaie courante. Chez les deux auteurs, et ce quelle que soit la longueur du récit, le lecteur en redemande. N'est-ce pas un signe fort de la
qualité de l'histoire?
Que demander de plus? Rien. Sinon la suite!