
La saga Harrington compte maintenant un nombre de volume dépassant de loin le raisonnable. Cependant,
David Weber, l'auteur, a suffisamment de talent pour comprendre que pour garder son public il
doit savoir se réinventer, tout en restant cohérent avec son monde. Monde qu'il a mis des années, et plusieurs centaines de pages,
à rendre crédible et logique. Avec
Plaies d'honneur, l'auteur délaisse pour un temps les grandes batailles spatiales (comme
il avait déjà su le faire dans de précédents épisodes, pour se consacrer à la complexité de la
politique intérieure et extérieure des deux planètes rivales, Manticore et Havre, ainsi que bien entendu de la planète
d'adoption de l'héroïne, Grayson. A cela ajoutons une campagne de diffamation (pas totalement infondée) visant à déstabiliser
le pouvoir politique de la comtesse Harington! Et bien entendu, toujours en toile de fond, la guerre entre les deux ennemis de toujours, même si
officiellement une trêve a été signée. Surtout que de nouvelles forces viennent mettre leur grain de sel, comme l'Empire
Andermien.
On comprend aisément, à la vision des sujets traités dans cette nouvelle aventure, pourquoi le roman est si conséquent (et
coupé en deux partie en France, spécialité des
Editions Atalante).
Il est vrai que l'auteur n'a jamais eu peur de s'étaler pendant plus de 600 pages sur la préparation d'événements qui, quand
à eux, ne prendront qu'une cinquantaine de pages. L'intérêt est bien évidemment double. Premièrement, cela permet de bien
mieux comprendre les enjeux en cause et les motivations des (très) nombreux personnages, et deuxièmement (c'est d'ailleurs peut-être
même le point le plus important), après une préparation et une anticipation aussi longue, la chute de l'histoire en est d'autant plus
explosive. Surtout lorsque l'on sait que
David Weber n'hésite pas à faire
disparaître (souvent de façon très douloureuse) des personnages importants.
L'univers créé par l'auteur est toujours aussi cohérent, aussi bien d'un point de vue purement science-fiction (et rarement une saga
n'aura autant collé à la définition du genre), que d'un point de vue cohérence des personnages et des interactions entre
toutes les forces mises en cause.
La saga Honor Harrington est un cycle qui se mérite. De par sa longueur déjà, car il faut être un lecteur assidu pour arriver
à bout des milliers de pages de la saga. Et aussi de par l'assiduité et la concentration nécessaire pour se souvenir de la
totalité des personnages, ainsi que des relations entre chacun de ceux-ci. Mais cela mérite l'effort!
Ce premier tome est une longue préparation de ce qui va se passer dans le
second tome, et le moins que l'on puisse dire, c'est que l'envie de savoir comment
tout cela va se finir est forte. Mais les habitués de
David Weber et de son oeuvre le
savent déjà. Pour les autres, plongez-vous dans le premier tome de la saga,
Mission Basilic, qui non seulement peut se lire indépendamment, mais permet
aussi une entrée en matière très efficace dans l'univers d'un auteur très prolifique.