retour à la page d'accueil

 
Retour à la section romans.



 

 

Dracula l'Immortel



 
Dracula l'Immortel, chez Michel Lafon

Auteur

Dacre Stoker
Ian Holt

Genre

Fantastique
 

Année de sortie

2009

Résumé

En 1888, un groupe de six intrépides a réussi à détruire Dracula aux portes de son château de Transylvanie. Vingt-cinq ans plus tard, ils se sont dispersés mais le souvenir de cette périlleuse aventure où l'un d'eux a laissé sa vie les poursuit. Combat quasi mystique contre les forces du mal, vengeance d'amoureux endeuillés ou inextinguible jalousie : les raisons mêlées de leur acte continuent de perturber leur existence et la disparition du prince des ténèbres n'a pas apaisé leurs tourments.
Une mort inexpliquée devant un théâtre parisien et un deuxième assassinat d'une effroyable cruauté au cœur de Londres vont réveiller la peur. Du Quartier latin à Piccadilly Circus, l'ombre de Dracula semble à nouveau planer... Les héros d'autrefois devront faire face à un ennemi insaisissable aux attaques sournoises ou d'une violence inouïe, mais aussi à leurs propres démons. De quoi brouiller les pistes et troubler les esprits, dans une intrigue menée avec maestria qui ressuscite le fantasme et la malédiction de l'immortalité.


 

Avis

Note :
 
Dacre Stoker et Ian Holt, les deux auteurs de Dracula l'Immortel Dracula L'immortel est vendu sur un quasi-mensonge. En effet, les accroches publicitaires pour le roman annonçaient lors de sa sortie deux choses qui, sans être tout à fait fausses, n'en sont pas pour autant vraies. Le premier est qu'il fut écrit d'après les notes du Bram Stoker. Le second est qu'il est la seule suite approuvée par la famille de l'auteur. Si le jeu de dupe est manifeste quand au deuxième postulat (la famille, c'est l'auteur!), quand au second il faut préciser que les notes qui ont servies à l'écriture de cette fausse suite étaient des notes concernant Dracula, et non pas une potentielle suite! Qui plus est, ces notes sont accessibles à tous, et ne sont en aucun cas des notes secrètes, conservées par la famille Stoker depuis une centaine d'années.
Une fois cette tromperie acceptée, reste le livre en lui-même. A noter que, s'il reprend bel et bien les personnages du roman de Bram Stoker, il n'en reprend en aucun cas le style littéraire (le récit épistolaire). Un choix qui se comprend, le genre étant passé de mode, en particulier dans le genre fantastique. Le problème de ce Dracula l'immortel n'est pas là. En fait, il est double: d'un côté, les deux auteurs trahissent véritablement le mythe, de par leurs partis pris narratifs, et, plus grave encore, font preuve d'une plume d'une faiblesse rare, pouvant même prêter à rire par sa lourdeur et son incapacité à faire passer des émotions. Résultat, une surenchère d'actions, de retournements de situation (on se croirait presque dans une série type 24 heures chrono), de scènes gores. Et le tout sur un fond historique de pacotille, où tous les clichés liés à cette époque sont utilisés (les machines volantes, le Titanic, l'électricité, ...).
Les auteurs sont totalement incapables de gérer les enjeux dramatiques, psychologiques, ainsi que le suspense. Même les plus mauvais auteurs de pulps ou de romans de fascicules y arrivaient mieux qu'eux (cf. les aventures de Raffles du début du XXème siècle, pour n'en citer qu'un parmi des centaines). Les personnages, pourtant à priori connus de ceux qui ont lu Dracula, sont méconnaissables, caricaturaux, et l'intrigue est cousue de fil blanc. A tel point que le lecteur, même le moins attentif, aura bien du mal à ne pas anticiper l'histoire et les "surprises" que recèle le livre (l'identité de Basarab, celle du Bienfaiteur de Seward, le lien entre Quincey et Dracula, celui entre Dracula et Elizabeth Bathory, l'identité de Jack l'éventreur, ...).
Plus grave encore, en tout cas vis à vis de l'œuvre de Bram Stoker, les vampires, et Dracula en particulier, n'ont strictement plus rien à voir avec ceux du roman originel. Fini la crainte des croix, retour du reflet dans le miroir, possibilité pour les morts-vivants d'entrer dans un endroit sans y être invité, et surtout, fini la damnation éternelle, désormais les vampires peuvent être bons ou mauvais. On se croirait plus face à des vampires modernes à la Twilight qu'au Seigneur des Carpates tel que défini par Bram Stoker.
A la lecture de ce Dracula l'immortel, on comprend pourquoi la littérature de genre a si mauvaise presse! Non seulement en cela qu'elle est, d'un point de vue purement artistique très faible, mais qu'en plus elle s'adresse uniquement à un lectorat "bas de gamme" (ce qui est clairement le cas ici, les auteurs se sentant obligé de toujours tout expliquer au lecteur, au cas où celui-ci ne comprendrait pas ce qu'il est train de lire).
 
Dracula L'immortel s'avère être ni plus ni moins l'une des pires adaptations du roman de Bram Stoker, parodie involontaire de l'un des chefs d'œuvre de la littérature fantastique. Les fans de Dracula feraient mieux d'éviter à tout prix ce roman, qui écorne le mythe (voir, en le prenant à contre-pied, le trahit ouvertement) et rappelle tristement que le talent n'est pas héréditaire!
Quand on pense que la veuve Stoker avait cherché par tous les moyens à détruire tous les exemplaires du Nosferatu de Murnau, alors qu'un siècle plus tard ses descendants soutiennent un livre tel que Dracula L'immortel....

 


 
retour à la page d'accueil