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N'Espérez pas vous débarrasser des livres



 
N'Espérez pas vous débarrasser des livres, chez Grasset

Auteur

Umberto Eco
Jean-Claude Carrière

Genre

Entretiens
 

Année de sortie

2009

Résumé

Le gai savoir : rarement l'expression nietschéenne se sera aussi bien appliquée qu'à ce livre... sur les livres ! Du papyrus au fichier électronique, nous traversons cinq mille ans d'histoire du livre à travers une discussion à la fois érudite et humoristique, savante et subjective, dialectique et anecdotique, curieuse et goûteuse. On y parcourt les temps et les lieux, les personnes réelles s'y mêlent aux personnages de fiction, on y fait l'éloge de la bêtise, on y analyse la passion du collectionneur, les raisons pour lesquelles telle époque engendre des chefs-d'oeuvre, la manière dont fonctionnent la mémoire et le classement d'une bibliothèque. On y explique pourquoi "les poules ont mis un siècle pour apprendre à ne pas traverser la route" ou comment "notre connaissance du passé est due à des crétins, des imbéciles ou des adversaires". Bref, on s'y amuse de la "furia littéraire" de deux passionnés qui nous entraînent dans leur folle farandole dont chaque tour surprend, distrait, enseigne. En ces temps d'obscurantisme galopant, c'est peut-être le plus bel hommage qui se puisse imaginer à la culture de l'esprit, et l'antidote le plus efficace au désenchantement.

 

Avis

Note :
 
N'Espérez pas vous débarrasser des livres, en Livre de Poche Sous la direction de l'essayiste Jean-Philippe de Tonnac le scénariste et écrivain Jean-Claude Carrière et le sémioticien et romancier Umberto Eco de prêtent au jeu des questions-réponses, dix ans après Entretiens sur la fin des temps, sur le thème de l'An 2000. Cette fois-ci, c'est à propos du livre que les deux intellectuels, tous deux amoureux du support papier, confrontent leurs idées sur le sujet. Quoiqu'il ne soit nullement question de confrontation, les deux hommes ayant peu ou prou les mêmes positions sur le sujet. Leur érudition et leurs expériences personnelles permettent cependant de ne jamais s'ennuyer à la lecture de cet essai. L'intelligence des interviewés est de ne jamais opposer livres et nouvelles technologies, l'Histoire (y compris celle de ce nouvelles technologies) ayant prouvé qu'il était bien difficile de supplanter le support livre.
Plus que cela, les deux hommes nous montrent la place du livre dans la culture, et la place de cette dernière dans l'Histoire, et ce d'une façon assez originale et surtout éclairante sur le mode de fonctionnement de l'esprit humain: entre oubli, destruction ou tout simplement changement de mode ou de goûts, les connaissances véhiculées par les livres peuvent se perdre ou revenir au galop en fonction de phénomènes qu'il est difficile de prévoir. Par exemple, si aujourd'hui le Moyen-âge a une image de période sombre de l'Histoire occidentale, cela est en très grande partie du à la Renaissance qui a sapé l'image de la période précédente, quitte à mentir ou pire, à détruire des documents allant à l'encontre de la propagande voulue. Et les religions d'avoir fait bien pire tout au long de l'Histoire: si bien sur tout le monde a en tête la destruction des Bouddhas en Afghanistan, nul ne devrait oublier (et en particulier les catholiques) la systématique destruction de toute preuve des cultures maya et incas en Amérique par l'Eglise, l'Inquisition et ses effets dévastateurs sur la culture, espagnole avant tout, mais européenne dans son ensemble, etc...
S'il ne faut se souvenir que d'une chose de cet entretien, c'est que l'Histoire ne s'est pas déroulé tel que nous le raconte les livres, à quelques exceptions prêts, ceux-ci n'étant que les "survivants" d'un holocauste culturel qui dure depuis l'invention de l'écriture, ne correspondant qu'au courant officiel de son temps, et aucunement à la réalité historique. Et ce fait est d'autant plus vrai lorsqu'il touche de prêt ou de loin à la religion.
 
L'amour des deux hommes pour le livre est évident, et le parallèle entre Umberto Eco et Guillaume de Baskerville, le héros de son nom de la rose n'a jamais été aussi clair. L'homme n'en paraît que plus humain et passionnant, car passionné.

 


 
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