Amélie Nothomb signe tout de même avec ce
Fait du prince son dix-septième roman. Si le verbe de
l'écrivain belge est toujours le même, il faut bien reconnaître que la flamme qui animait ses premiers romans semble s'être quelque peu affaiblie. Pas totalement
éteinte, comme pouvait le laisser craindre des titres comme
journal d'hirondelle ou bien
encore
Acide sulfurique.
Le Fait du prince, sans jamais égaler les meilleurs titres de l'auteur (
Stupeur et tremblements,
Hygiène de l'assassin),
se laisse lire avec plaisir (mais, comme toujours chez
Amélie Nothomb, qui prouve encore et toujours sa flemme
littéraire, très rapidement). Toujours facile à lire, les romans d'
Amélie Nothomb se reconnaissent
les yeux fermés (si l'on peut dire!): un ton inimitable (mélange de colère, d'anticonformisme, de morbide et en même temps d'humour), des idées toutes
plus délirantes les unes que les autres, des héros hors norme et bien souvent pratiquement antisociaux (ou tout du moins asociaux), et, toujours, une réalité que l'auteur se prend plaisir
à tordre, pour la faire coïncider avec sa vision du monde (rappelant dans ce sens l'oeuvre littéraire d'un
Terry Pratchett).
Le fait du prince s'apparente à un pur phantasme, que tout le monde a plus ou moins ressenti un jour ou l'autre, à savoir pourvoir du jour au lendemain changer de vie,
avec argent, alcool et femme(s) à profusion. Mais la naïveté (typique chez
Amélie Nothomb) du sujet et
du traitement peut fatiguer le lecteur.
Même si
le fait du prince se lit goulument, il montre aussi les limites d'un auteur en manque cruel d'inspirations, s'auto-plagiant à l'envi, au risque de lasser son
lectorat, jusque là plutôt fidèle.