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![]() L'écrivain, scénariste et réalisateur Michael Crichton (La Grande attaque du train d'or, déjà avec Sean Connery , mais aussi et surtout le scénario de Jurassic Park, de Steven Spielberg) a fourni avec Soleil levant un travail de qualité. Mélange de sexe, de corruption, de trahison et de peur de l'étranger (symbolisé par les tous puissants japonais), le scénario de Soleil Levant arrive à mélanger très habillement les cartes, le spectateur se faisant manipuler d'un bout à l'autre du métrage de Philip Kaufman (L'Etoffe des héros), bien évidemment pour son plus grand plaisir. Mené par un Sean Connery en grande forme, volant allégrement la vedette à Wesley Snipes, le film nous entraine dans cette histoire de meurtre teintée de sexe, de violence et de décadence, symbolisant parfaitement l'Amérique de la fin des années 80, début des années 90. Le message est d'autant plus visible que ce sont (à priori) les japonais, dont la droiture morale n'est plus à démontrer, en tout cas dans l'imagerie populaire, qui plongent dans ce chaos de corruption facile et perverse. Bien entendu, les enquêteurs Connery et Snipes vont faire apparaître la vérité au grand jour, prouvant par la même que les plus pourris ne sont bien entendu pas ceux que l'on pense. Le choix de l'inspecteur Mark Rutland (Sean Connery) de se tourner vers la culture japonaise se comprend d'autant mieux, l'Amérique étant totalement pervertie à ses yeux. Ce film fait d'ailleurs écho au Black Rain de Ridley Scott sorti quelques années plut tôt, et au message très proche, même si dans le film de Philip Kaufman aucun retour arrière n'est plus possible. Il suffit de voir la façon dans l'assassin -présumé, car aucune preuve réelle ne vient prouver l'intuition des enquêteurs- est puni pour se convaincre que les instituions américaines sont totalement impuissantes par rapport à la situation dans le pays de l'Oncle Sam. La fin du sénateur Morton (Ray Wise, l'inoubliable père de Laura Palmer dans la mythique série Twin Peaks de David Lynch et Mark Frost) est une autre preuve de cette totale impuissance des plus hautes sphères de la société de trouver des solutions à ce problème majeur de la société, à savoir la perte de repère dû au rapport de force totalement inégal entre l'argent et la morale. Triste constatation! Cette corruption touche d'ailleurs tout le monde, puisque même les héros de l'histoire (Welsey Snipes, Sean Connery, Harvey Keitel s'avèrent être corrompus, d'une façon ou d'une autre). Les seules personnes honorables sont donc les étrangers (les japonais), Tia Carrere en tête, et les habitués des rôles de méchants, ici sciemment pris à contre emploi, les très bons Cary-Hiroyuki Tagawa et Mako. Sous un ramage de simple policier le film de Philip Kaufman (et le scénario de Michael Crichton) se livre à une dénonciation pure et simple de la société américaine. Un message finalement très proche du American Psycho de Mary Harron, avec un Christian Bale symbolisant à lui seul le rapport malsain de l'Amérique à l'argent et la réussite. Si vous avez aimé Soleil Levant, vous aimerez aussi:
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Scénario alambiqué, sombre histoire de meurtre teintés de décadence, et acteurs charismatiques font de ce Soleil levant
un film plaisant à regarder. Les personnages sont bien plus complexes que ce que l'on a l'habitude de voir dans ce genre de métrages, et
(encore une fois) Sean Connery écrase le reste du casting par sa prestance et
son charisme immense, portant pratiquement à lui seul le film (et pourtant les autres acteurs, Harvey Keitel en tête, sont loin
d'être mauvais).
Dommage que la réalisation soit aussi classique, le film perd beaucoup de ce côté là, un réalisateur plus inspiré aurait pu mener ce film vers les hautes sphères du film policier. Ce film reste cependant à (re)découvrir, car pouvant être lu à plusieurs niveaux ("simple" policier ou dénonciation de l'Amérique matérialiste de la fin du siècle précédent). |