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Le Sang des innocents


 
Affiche du film

 


 

Titre original

Non ho sonno

Synopsis

Après 17 ans d'absence, Giacomo Gallo revient à Turin. Il avait quitté sa ville natale en plein drame, alors qu'il était enfant. Sa mère s'était fait assassiner sous ses yeux, sans qu'il ait pu identifier le meurtrier. La disparition du principal suspect avait à l'époque clos définitivement l'enquête. Mais, de nos jours, une nouvelle série de meurtres, identique à celle qu'il avait connu dans le passé, le pousse à croire que le cauchemar n'est peut-être pas fini.

Genre

Thriller

Année de production

2001

Italie

Date de sortie en France

13 Mars 2002

Réalisateur

Dario Argento

Musique

Goblin

 
 

Casting

Acteur
Photo
Rôle
Max von Sydow Ulisse Moretti
Stefano Dionisi
Stefano Dionisi Giacomo
Chiara Caselli
Chiara Caselli Gloria
Gabriele Lavia
Gabriele Lavia Docteur Betti
Rossella Falk
Rossella Falk Laura de Fabritiis
Paolo Maria Scalondro
Paolo Maria Scalondro Chef inspecteur Manni
Roberto Zibetti
Roberto Zibetti Lorenzo
Roberto Accornero
Roberto Accornero Fausto
Massimo Sarchielli
Massimo Sarchielli Leone
Barbara Mautino
Barbara Mautino Dora
Daniela Fazzolari
Daniela Fazzolari Maria Luisa
Elisabetta Rocchetti
Elisabetta Rocchetti La fille du MacDonald

Critique du Film

Note :
 
 

 
une femme dénudée et des armes blanches: le Giallo selon DArio Argento dans Le Sang des innocents

 
Innocent Blood

Après avoir connu une mauvaise passe artistique pendant pratiquement une quinzaine d'années (depuis Opera en 1987 ses films sont soit des échecs commerciaux, soit des échecs critiques), Dario Argento revient au genre qui a fait sa renommée: le Giallo, qui plus est avec à la musique Goblin, le groupe indissociable du cinéma du cinéaste, un groupe avec qui il n'avait plus travaillé depuis Phenomena en 1985.
S'il n'en est pas l'inventeur (ce mérite est attribué à son compatriote Mario Bava et sa Fille qui en savait trop), il en est incontestablement le fer de lance, en particulier avec les frissons de l'angoisse, considéré comme le meilleur Giallo jamais réalisé. Dario Argento avait depuis quelque peu laissé le genre de côté, pour s'essayer à d'autres choses (ce qui est tout à son honneur), comme le fantastique, avec Suspiria (son meilleur film?), l'horreur, avec la travail qu'il a effectué sur le Zombie de George Romero (pour rappel, la version européenne du film, montée et sonorisé par Dario Argento est considérée par les spécialistes comme supérieure à celle finalisée par George Romero).
 
Max Von Sydow dans Le Sang des innocents de Dario Argento

 
Le voir revenir au Giallo est donc à la fois une bonne surprise (le maître est de retour sur son terrain de prédilection) et en même temps une angoisse (a-t-il encore des choses à dire). Par contre, le voir associé à un acteur de la trempe et du talent de Max von Sydow (un acteur capable de jouer la comédie dans un nombre hallucinant de langues, dont l'italien) est un pur plaisir. Même la différence de charisme et de talent avec les autres acteurs auquel il se confronte dans le film n'est pas un problème, son personnage se prêtant à cette distanciation.
Le reste du casting est typique du cinéma de Dario Argento, que ce soit au niveau des actrices, toutes belles, et bien souvent destinées à être trucidées de façon violente e très graphique, ou au niveau des acteurs, qui eux se partagent en deux catégories, les "jeunes premiers" et les acteurs de gueule (Massimo Sarchielli et Gabriele Lavia tout particulièrement, tous deux déjà vus dans le cinéma de Dario Argento).
 
Le Sang des innocents de Dario Argento

 
Si le scénario ne brille pas par son originalité ni sa cohérence, l'intérêt d'un film comme le sang des innocents est ailleurs. En effet, un Giallo se doit, par définition, de proposer au spectateur des meurtres de femmes, et ce de façon quasiment ritualisées. Et là, Dario Argento ne peut pas se tromper, il est en terrain conquis. Et le sang des innocents de donner la part belle à ces passages, et ce depuis les toutes premières secondes du film (la fin, si elle fait elle aussi partie du Grand-Guignol, s'éloignera cependant quelque peu du Giallo pur et dur). Les femmes ont la vie dure et la mort douloureuse chez Dario Argento: gorge et doigts tranchés, tête coupée, nez et visage écrasé, instrument de musique enfoncé (pour le moins brutalement) dans la gorge, jusqu'à la plus classique mais néanmoins efficace noyade.
Si le film fait preuve d'un grand académisme durant toute la majorité de son temps, il en va différemment au moment des meurtres, justement, comme si Dario Argento s'était avant tout concentré sur les meurtres, laissant de côté le superflu (à savoir l'histoire). Par exemple, le meurtre dans le train est un très bel exemple de la maestria de l'homme, qui arrive à transformer un lieu d'une banalité totale en cercueil ambulant, et ce, sans que l'on aperçoive le tueur avant le tout dernier moment. Pareillement, le climax dans l'opéra est d'une virtuosité qu'il faut saluer. Entre l'élévation dans les airs de celle que l'on suspecte être la victime (comme si son âme était déjà en train de rejoindre les Cieux), le passage suivant où l'on ne voit, dans les loges, que les pieds de tous ceux et celles qui passent (avec en sous-entendu que l'une de ses paires de jambes est celui de l'assassin), et le tout pour finir sur le meurtre en ombre chinoise, cette séquence est l'une des plus marquantes du film. Le meurtre de la stripteaseuse, quoique très réussi lui aussi (Ah, ces escaliers interminables, dignes des cauchemars où l'on se retrouve poursuit dans des escaliers sans fin!) n'arrive pas à égaler ses deux séquences de très grande qualité.
 
Max Von Sydow et Stefano Dionisi dans Le Sang des innocents de Dario Argento

 
Mais notre tueur de ne pas s'en prendre qu'aux femmes, loin s'en faut, même s'il faut reconnaître qu'il le fait non par plaisir mais par la force des choses. Ce film est en effet très riche en meurtres, tous plus violents et sanglants les uns que les autres (une douzaine au total, pour un film de moins de deux heures, cela fait une moyenne d'un meurtre toutes les dix minutes).
Si le mode-opératoire du tueur de femmes (car c'est bien ce qu'il est) se base sur un poème (écrit pour le film par la fille du cinéaste, Asia Argento), il se retrouve forcé de faire disparaître tous ceux qui s'approchent un tant soi peu de la vérité.
Si l'on comprend que pour les besoins d'un film on soit obligé de faire des entorses à la réalité du fonctionnement des tueurs en série, qui ne basent jamais leurs meurtres sur des choses aussi compliqué qu'une cantine (d'ailleurs, l'un des seuls films mainstream sur les tueurs en série abordant le sujet de façon réaliste du point de vue du fonctionnement de la psyché des serial killers n'est autre que le silence des agneaux de Jonathan Demme), il faut avouer que dans le cas présent le fonctionnement et le raisonnement du tueur est pour le moins compliqué. A cela s'ajoute le problème de pratiquement tous les films du type whodunit (en dehors des mystères à la Agatha Christie type Mort sur le Nil qui eux jouent sur un autre registre), à savoir la déception quand à l'identité du tueur. Car bien souvent, et c'est le cas ici, le film en devient bancal, d'autant plus lorsque le tueur se rèvèle, passant d'une personnalité posée et sympathique à tueur déséquilibré et hystérique! Et de ce côté le sang des innocents tombe en plein dans le panneau, explication raisonnées du tueur à l'appui!!
Pourquoi le tueur décide-t-il de jouer avec le héros au jeu idiot auquel nous assistons? Cela n'a aucun sens!

 
Le Sang des innocents de Dario Argento

 
le sang des innocents a souvent été comparé au chef d'oeuvre de Dario Argento, les frissons de l'angoisse. Il est vrai que les deux films ont de nombreux points en commun: un témoin d'un meurtre qui décide d'enquêter sur ce meurtre, et qui se retrouve confronté au tueur, la bande son a dans les deux cas été composée par les Goblin, bien sur, Giallo oblige, des femmes sont tuées dans des conditions horribles, et enfin, cerise sur la gâteau, l'acteur Gabriele Lavia joue dans les deux cas le coupable présumé.
On pourrait à cela ajouter un dernier point commun avec les frissons de l'angoisse: la censure. Si l'Europe a réussi à échapper aux coupes, les Etats-Unis ont vu un film amputé de toutes les scènes les plus violentes et sanglantes du film (y compris, bien sur, la décapitation de la danseuse étoile). L'ensemble de ses coupes aura couté au film une minute entière. Plus que les 11 secondes supprimées des frissons de l'angoisse mais moins que les 35 minutes (!!) coupées de la version française (il est vrai pas uniquement pour des questions de violence graphique).

 
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  Film Pourquoi
La Fille qui en savait trop La Fille qui en savait trop Parce que ce film réalisé par Mario Bava est considéré comme étant le premier du genre, à savoir le Giallo.
Six femmes pour l'assassin Six femmes pour l'assassin Parce que ce film, toujours réalisé par Mario Bava, est considéré comme la référence du genre.
Les Frissons de l'angoisse Les Frissons de l'angoisse Parce que ce film est le premier Giallo réunissant Dario Argento à la réalisation et Goblin à la musique.
Amer Amer Le Giallo made in France
 
 


 

Conclusion

Pour son grand retour au genre qui a fait sa renommée, le Giallo, Dario Argento déçoit. Un scénario à la limite de la cohérence, une mise en scène par trop académique (mis à part quelques très bonnes idées, comme par exemple la caméra qui ne filme que les pieds dans les loges de l'opéra, et de façon générale, les meurtres), et surtout un scénario (et une conclusion) très en deçà des attentes.
Un film il est vrai au budget pour le moins modeste (4 millions de $), qui ne peut que pénaliser les envolées lyriques d'un cinéaste capable du meilleur, comme malheureusement du pire.
Malgré ses nombreux défauts, le film a toutefois connu un succès notable, suffisant pour rendre ce film rentable, et ce rien que sur le sol italien.
 
En tout cas, les fans du genre y trouveront leur lot de jolies jeunes filles (souvent peu vêtues) en proie à un diabolique tueur, toujours armé (très logiquement) d'une arme blanche. Le tout agrémenté de meurtres très violents, où rien ne nous est caché.

 
Affiche originale du Sang des innocents de Dario Argento

 

 


 
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