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Tout le monde connaît la légende d'Arthur et de la table ronde, de par la littérature - Chrétien de Troyes,
l'origine du mythe, mais aussi plus récemment Stephen Lawhead), par l'animation (Merlin l'enchanteur de Disney), ou par les films
live (Excalibur, Lancelot, le premier chevalier, ....). Vouloir revisiter la légende en lui apportant du sang neuf et donc
forcement une bonne idée. Faire appel à un réalisateur totalement étranger au sujet est don à priori une solution
de bon augure. Antoine Fuqua peut donc sembler être l'homme de la situation, surtout si l'on considère ses précédents
efforts (l'excellent training day et le finalement pas si mauvais que cela les larmes du soleil). Le travail de l'homme sur
le roi Arthur est d'ailleurs d'assez bonne facture, même s'il manque d'un côté épique forcement attendu d'un tel
sujet.
![]() ![]() Non, le vrai problème est bien à aller chercher ailleurs. Du côté du scénario, plus exactement. David Franzoni, oscarisé pour le Gladiator de Ridley Scott, coupable du scénario du roi Arthur, donc, devrait avoir honte de son travail. Quoique se ventant d'apporter du sang neuf au mythe, son histoire n'est ni plus ni moins qu'un honteuse recopie du travail de l'écrivain Stephen Lawhead sur sa saga arthurienne (les fabuleux Taliesin, Merlin, Arthur, Pendragon et le Graal). S'en être inspiré aurait pu être une bonne idée si 1) il l'avait reconnu, 2) il avait su en tirer une histoire forte. L'origine d'Arthur est purement et simplement pompée (l'homme entraîné par Rome, membre fier de l'Empire Romain), tout en lui enlevant toute son originalité (la table ronde perdant totalement son importance symbolique dans le film), ses chevaliers, ni plus ni moins qu'une bande de mercenaires (minuscule qui plus est), mais néanmoins capable de mettre à bas toute une armée. Toute l'opposition entre l'ancienne et la nouvelle religion (druidisme contre chrétienté) disparait là encore du film, le personnage de Merlin devenant un chef de guerre picte (Quelle idée!). D'ailleurs, à ce propos, Arthur finit le film roi des pictes, donc roi d'Ecosse, et non pas roi de la nouvelle nation d'Angleterre! Presque pire que Lancelot devenant roi d'Angleterre dans Lancelot, premier chevalier. A en croire l'histoire de Franzoni, l'Angleterre était unifiée avant la venue des romains. Alors, dans ce cas, toute la légende Arthurienne, faisant du porteur d'Excalibur le premier fédérateur de la nation de Bretagne, n'a plus de raison d'être. Toucher à un mythe, très bien! Mais encore faut-il le comprendre! Ce n'est visiblement pas le cas ici. D'ailleurs, Gladiator avait déjà subi les mêmes non-sens historiques de la part du scénariste en son temps, heureusement sauvé par Ridley Scott et son sens du spectacle, ainsi que par la magnifique prestation de Russell Crowe. La prestation de Clive Owen n'est d'ailleurs pas sans rappeler celle de l'interprète de Maximus, tout comme le film Le Roi Arthur fait souvent penser à Gladiator (même combats, même musique -et pour cause-, même genre de héros). Au final, un film bien plus proche du chef d'oeuvre de Ridley Scott que d'Excalibur. Question de génération, diront certains! Question d'opportunisme plutôt! ![]() Bien sur, l'acteur Clive Owen est suffisamment charismatique pour nous faire oublier (par moments) le hors sujet du film, les chevaliers d'Arthur quand à eux sont plus en retrait, mis à part Lancelot (Ioan Gruffud, alias Mr. Fantastic dans Les 4 fantastiques), et Bors (Ray Winstone). Même ses deux personnages n'arrivent pas à faire prendre au sérieux cette bande de mercenaires (la bande fait d'ailleurs plus penser aux bandits des Sept mercenaires qu'aux chevaliers du classique Les Chevaliers de la table ronde). Keira Knightley, en Guenièvre guerrière (là encore tiré allégrement de l'oeuvre de Stephen Lawhead), est limite crédible. Passe encore en guerrière picte, mais en robe de princesse (elle est picte ou elle est princesse moyenâgeuse?).... De plus le couple (trio) amoureux qu'elle forme avec Arthur -Clive Owen- (et Lancelot -Ioan Gruffud) est non seulement mal exploité, mais aussi pas très clair. Leur mariage à la fin du film n'était d'ailleurs pas prévu à l'origine. ![]() Le méchant de l'histoire, Cerdic -Stellan Skarsgård-, est par contre plutôt réussi, mais encore une fois, l'effort d'imagination est plutôt à aller chercher chez Stephen Lawhead que chez le scénariste. Le roi Arthur ressemble en effet comme deux gouttes d'eau à la version live (loupée) d'un des épisodes phare de la saga de Lawhead, à savoir la tentative d'invasion d'Albion par les saxes. ![]() Si vous avez aimé le Roi Arthur, vous aimerez aussi:
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![]() Le réalisateur de Training Day est visiblement plus à l'aise dans les rues et les banlieues difficiles de Los Angeles que dans les terres anglaises et les épopées Arthurienne. Le Roi Arthur est cousu de fil blanc, et malgré un scope de qualité et des effets spéciaux très réussi, n'arrive pas à renouveler le genre. Cela fait décidemment bien longtemps que les pourtant très riches légendes arthurienne n'ont pas réussi à engendrer un bon film (le dernier est excalibur, qui lui-même a très mal vieilli). Dommage, car Clive Owen est comme toujours impeccable, et les effets spéciaux, très nombreux dans le film, s'intègrent habilement aux décors naturels (de loin la partie la plus crédible du film). Comme souvent dans les productions Bruckheimer, le spectacle prime sur l'histoire. ![]() |