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![]() S'il est un roman qui a inspiré le cinéma, c'est bien The Body Snatchers de Jack Finney (aussi paru sous les titres de Graines d'épouvante et L'Invasion des profanateurs). Datant de 1955, ce roman de science-fiction riche et très efficace a tout de suite intéressé le cinéma. En effet, l'année suivant sa parution, sortait la première version cinéma, L'Invasion des profanateurs de sépultures, signé Don Siegel. Puis, 20 ans plus tard, en 1978 pour être exact, c'est au tour de Philip Kaufman de livrer son invasion des profanateurs. En 1993, ensuite, c'est Abel Ferrara qui s'attaque au roman de Jack Finney avec Body Snatchers, l'invasion continue. Enfin, 15 ans après la dernière version, arrive cette Invasion made in Oliver Hirschbiegel. ![]() L'histoire de cette nouvelle version de ces envahisseurs invisibles débute en 2004, lorsque la Warner Bros décide de mettre en chantier ce remake. Fini les connotations politiques liées à la Guerre Froide présentes dans le film de 1955, point de féminisme comme dans la version de 1978, ou de critique sociale comme dans le film d'Abel Ferrara, mais, chaque époque ayant ses propres peurs et préoccupations, il sera ici question de pandémie. Il faut dire que les épidémies de la vache folle (fin 90) et de SRAS (fin 2002, mi 2003) ont entrainés une prise en compte de la vulnérabilité de l'homme face à des maladies qui pourraient aisément se répandre sur l'ensemble du globe à une vitesse hallucinante, moyens de transports moderne aidant. Et les pays les plus industrialisés ne seraient pas à l'abri d'un tel fléau. On pourrait même penser qu'en tant que noeuds de transit, les grands aéroports internationaux pourraient être les principaux moyens de propagation de la maladie. Mais au lieu de traiter le sujet à fond, le scénario de David Kajganich préfère se centrer sur une famille (une mère divorcée -Nicole Kidman-, son fils -Jackson Bond- et le père -Jeremy Northam), dans les beaux quartiers de Washington. Même si la pandémie-invasion extraterrestre- se répand à une allure hallucinante, le script et la réalisation d'Oliver Hirschbiegel ne mettent jamais en avant ce qui devrait être la raison même d'être du film: les moyens de propagation. ![]() Le fait est qu'un an après le lancement du projet, sous la houlette du producteur Joel Silver, le réalisateur allemand Oliver Hirschbiegel est engagé. Il s'agit de son premier film en langue anglaise, qui plus est à gros budget (le film coutera 65 millions de $). Le casting est lancé et la première vedette engagée est logiquement l'héroïne, Nicole Kidman, qui recevra pour le film la bagatelle de 17 millions de $. Sera ensuite engagé un Daniel Craig alors très prometteur mais non encore starisé. Notons aussi la présence de Veronica Cartwright, qui connaît bien le sujet puisqu'elle tenait l'un des rôles principaux dans la version de 1978 (elle joue ici le rôle de la patiente de Nicole Kidman, patiente qui s'avérera être immunisée à l'invasion, tout comme le fils de l'héroïne). En septembre 2005 commence le tournage principal d'Invasion, pratiquement uniquement en décors naturels, à Baltimore et Washington, et il durera 45 jours. C'est d'ailleurs durant ce tournage que Daniel Craig reçut la confirmation qu'il tiendrait le rôle de James Bond dans Casino Royale, le tournage devant même s'interrompre un temps afin que l'acteur puisse retourner en Angleterre pour la promo liée à cette nomination. ![]() Mais le studio n'est pas satisfait de la version montée et proposée par Oliver Hirschbiegel. Il est alors décidé de faire appel à des renforts afin de sauver le film. Joel Silver fait appel à Andy Wachowski et Larry Wachowski, avec qui il avait signé Matrix et ses suites, pour retravailler le scénario, tandis que le réalisateur James McTeigue (V pour Vendetta et second réalisateur sur les trois Matrix et l'attaque des clones) s'occupera des reshoot, qui sont chiffré à 10 millions de $, soit tout de même un sixième du coût total du film. Mais même cette tentative de sauvetage ne peut pas grand chose pour un film qui manque cruellement de caractère. En effet, alors que l'histoire est censée nous plonger dans les affres d'une femme qui ne doit en aucun cas s'endormir, seule dans un monde peuplé de possédés, jamais Oliver Hirschbiegel n'arrive à faire monter le suspense, la tension et la paranoïa inhérente au sujet. Et ce n'est pas la faute des acteurs, Jeremy Northam arrivant par exemple à tirer son épingle du jeu et à paraître inquiétant, même s'il n'est pas aidé par la mise en scène. Nicole Kidman quand à elle, est présente dans pratiquement toutes les scènes du film, et s'en sort, comme à son habitude, plutôt bien. ![]() Plombé par une mise en scène trop académique, et totalement dénuée de sens du suspense, Invasion ne séduit ni les critiques ni les spectateurs au moment de sa sortie, décalée à cause des reshoot. Pour un budget de 65 millions de $, le film aura du mal à atteindre les 40 millions de $ de recette, faisant de ce film un flop (malheureusement tout à fait compréhensible). Et ce n'est pas la présence de deux acteurs solides, Nicole Kidman et Daniel Craig, qui arrivera à sauver le spectateur d'une invasion inattendue: l'ennui. Si vous avez aimé Invasion, vous aimerez aussi:
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![]() Sur un scénario extrêmement convenu (difficile de ne pas prédire au moins dix minutes à l'avance ce qui va se passer), le film d'Oliver Hirschbiegel n'arrive jamais à dépasser le stade du téléfilm (mis à part la photographie, qui elle est typique du format cinéma). Malgré l'absence quasi totale d'effets spéciaux, le film sent le Joel Silver à plein nez, dans tout ce que le producteur sait faire de pire, à savoir mettre la forme avant le fond. Un film sur la pandémie et ses dangers sur l'homme ou une démonstration qu'une star ne fait pas un succès? Une chose est sure, cette Invasion ne viendra pas faire oublier ses prédécesseurs. ![]() |