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Le Château ambulant

Affiche du film


Titre original

Hauru no ugoku shiro

Synopsis

La jeune Sophie, âgée de 18 ans, travaille sans relâche dans la boutique de chapelier que tenait son père avant de mourir. Lors de l'une de ses rares sorties en ville, elle fait la connaissance de Hauru le Magicien. Celui-ci est extrêmement séduisant, mais n'a pas beaucoup de caractère... Se méprenant sur leur relation, une sorcière jette un épouvantable sort sur Sophie et la transforme en vieille femme de 90 ans.
Accablée, Sophie s'enfuit et erre dans les terres désolées. Par hasard, elle pénètre dans le Château Ambulant de Hauru et, cachant sa véritable identité, s'y fait engager comme femme de ménage. Cette " vieille dame " aussi mystérieuse que dynamique va bientôt redonner une nouvelle vie à l'ancienne demeure. Plus énergique que jamais, Sophie accomplit des miracles. Quel fabuleux destin l'attend ? Et si son histoire avec Hauru n'en était qu'à son véritable commencement ?

Genre

Animation

Année de production

2004

Japon

Date de sortie en France

12 Janvier 2005

Réalisateur

Hayao Miyazaki

Musique

Joe Hisaishi


Nominations

Saturn Award Academy of Science Fiction, Fantasy & Horror Films
catégorie
Année
Gagnant
meilleur film d'animation2006 

 
Oscar Oscar
catégorie
Année
Gagnant
Meilleur film d'animation2006Hayao Miyazaki

 

Critique du Film

Note :

Sophie fait le ménage

Le magicien ose

Depuis le succès du Voyage de Chihiro, le réalisateur japonais Hayao Miyazaki est considéré comme l'un (si ce n'est la) plus grand du milieu de l'animation. Qui plus est, tous ses films, même les plus anciens, connaissent un regain d'intérêt pour le public. Le château ambulant a, quand à lui, été réalisé après les aventures de la petite fille dont les parents ont été transformés en cochons. Et cela se sent!
On retrouve nombre d'idées et de symboles ayant fait le succès du Voyage de Chihiro, des créatures caoutchouteuses aux vilaines sorcières aux grosses têtes, en passant par des héroïnes faisant le ménage. Sur ce dernier point, tandis que dans le voyage de Chihiro l'héroïne était une petite fille, dans le château ambulant le personnage principal est une vieille dame (en tout cas en apparence). Dans les deux cas, cependant, le film tourne autours du côté enfantin que chacun porte au plus profond de soi, et du fait qu'il faut le préserver à tout prix.
Bien que le métrage porte la patte du créateur japonais, il n'est cependant pas le créateur de l'histoire. On la doit à l'écrivain britannique Diana Wynne Jones, et à son roman Le Château de Hurle. Ceci explique pourquoi cette histoire est beaucoup plus occidentale que ses précédents travaux, quand à eux très marqués par le style japonais.
On retrouve dans l'histoire quelques uns des sujets maîtres du comte occidental, de la petite fille matraitée (le personnage de Sophie n'est ni plus ni moins que la Cendrillon de Miyazaki), au voyage initiatique (principe même de presque tous les comtes de fées, le plus connu étant bien sur Alice au pays des Merveilles, de Lewis Carroll), en passant par des compagnons bien reconnaissable (l'épouvantail, le lion et l'homme métallique du magicien d'OZ sont ici représentés par un épouvantail, un petit chien à la crinière léonide et un château métallique et pratiquement humanoïde).
Le monde, quand à lui, est typiquement européen, vaguement alpin, rappelant l'empire Austro-hongrois jusque dans l'apparence des soldats et des nobles, et se place dans un environnement technologique et politique visiblement milieu XIXème, avec en plus une forte dose de magie, ce qui n'est pas sans rappeler l'oeuvre de Martha Wells.

Visiblement très influencé, le film n'en garde pas moins la patte inimitable du réalisateur japonais. Et c'est bien là sa plus grande qualité, le cinéaste arrivant à pallier aux défauts de l'histoire en nous plongeant dans son monde, plein de poésie et de magie enfantine. On y retrouve d'ailleurs nombre de ses sujets de prédilections, comme les personnages qui volent (un rêve d'enfant, de liberté et de puissance), les monstres vaguement humanoïdes et élastiques (une certaine peur liée aux cauchemars d'enfants, là encore), et bien sur les sorcières hideuses au visage démesuré (encore une fois, la vision enfantine est évidente).

le château ambulant

Attirer un public adulte dans les salles obscures pour voir un dessin animé n'est pas forcément chose aisée, surtout aux U.S.A. (en France aussi). Pour rendre attractif le film, le cinéaste japonais s'est tourné vers les spécialistes américains de l'animation pour s'occuper du doublage dans la langue de Shakespeare, à savoir le studio Pixar. Et plus précisément vers Pete Docter, lui-même réalisateur de films d'animations à succès, comme Monstres et compagnie. Pour le doublage, art dans lequel les américains sont en général assez faibles, Pete Docter sort la grosse artillerie. Dans le rôle de la vieille Sophie, on retrouve l'actrice Jean Simmons (Spartacus), dans celui de la méchante sorcière des landes rien de moins que Lauren Bacall (le port de l'angoisse), dans celui du jeune magicien Hauru Christian Bale (Batman Begins, ce dernier ayant déjà une certain expérience de l'animation puisqu'il avait participé au Pocahontas de Disney), et dans le rôle du démon Calcifer l'acteur comique Billy Crystal (Quand Harry rencontre Sally, mais aussi -surtout- Monstres et compagnie, de Pete Docter). Bref, un casting que peu de productions live peuvent se permettre! Dans le cas de l'acteur gallois Christian Bale, celui-ci avait donné son accord de principe pour jouer n'importe quel rôle pour Miyazaki, tant il adore le travail de l'auteur. En donnant à l'acteur le rôle du magicien androgyne, Pete Docter a intelligemment transformé un archétype purement japonais en héros plus facilement compréhensible par les spectateurs américains.

Hauru le magicien dans le château ambulant

Mélangeant habillement imagerie 2D et 3D, le film de Miyazaki propose une immersion visuelle impressionnante. Rares sont les films d'animation (et encore plus lorsqu'il s'agit d'animation japonaise) à proposer une telle richesse de couleurs et de mouvements. La 3D permet en effet des effets qu'il serait difficile de rendre en animation traditionnelle, comme les mouvements du château, ou bien encore les battements des ailes des avions de combats. Mais le mélange entre les deux techniques est très habile, et il est difficile de faire la différence entre dessin et CGI.

   
 


Conclusion

Quoique souvent confus (en particulier concernant les motivations des personnages), le château ambulant de Miyazaki reste l'un des anime du maître les plus compréhensibles pour le public occidental, tant l'influence européenne est visible dans ce film.
Toujours aussi poétique et d'une beauté rare (surtout dans le genre manga), le film fera rêver petits et grands.
Même si certaines scènes peuvent s'avérer violentes (on y parle tout de même de guerre et de bombardements de civils), le film dégage une impression de douceur de vivre et d'optimisme plaisant.
Même si (production japonaise oblige), les personnages sont très archétypaux, le film est très plaisant. Il y gagne même en magie et symbolisme, et ce malgré la manque de clarté du scénario.
Un chef d'oeuvre? Peut-être pas. Mais un excellent film d'animation, sans aucun doute possible.

Affiche japonaise du film


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