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![]() 2010 l'année du premier contact est l'adaptation cinématographique du roman d'Arthur C. Clarke, 2010, Odyssée deux, la suite du roman 2001, l'Odyssée de l'espace. Car, rappelons-le, le film homonyme de Stanley Kubrick n'est pas, quand à lui, une adaptation cinématographique d'un roman, les deux œuvres ayant été produites en parallèle, sur un scénario commun. Le travail de Peter Hyams, réalisateur mais aussi scénariste, consista donc en premier lieu à ne pas trahir 2010, Odyssée deux au profit de 2001, l'Odyssée de l'espace (le film), ou le contraire. Parmi les changements majeurs que le cinéaste a opéré se trouve la majorité des relations amoureuses entre spationautes, la destruction d'un vaisseau chinois, mais aussi et surtout le message final, légèrement plus long que dans le roman. Si 2001, l'Odyssée de l'espace avait coûté 10 millions de $, 2010 l'année du premier contact s'avèrera être un film plus onéreux, avec 28 millions de $ de budget (à titre de comparaison, la superproduction le Retour du Jedi, sorti l'année précédente, n'avait coûté que 4 millions de $ de plus). Cette suite est menée par la star Roy Scheider, accompagné de John Lithgow, Helen Mirren, et Keir Dullea, de retour dans la peau de David Bowman. ![]() Cette suite des aventures métaphysiques du cosmonaute David Bowman s'avère moins imprégné de théologie que son illustre prédécesseur, l'histoire prenant (étrangement?) un parti plus terre à terre et politique. Mais, d'un point de vue purement scientifique, s'avère bien moins juste que le film de Stanley Kubrick, l'exemple le plus frappant étant le bruit dans l'espace (mais il faut dire que depuis La Guerre des étoiles, il est difficile de montrer un espace silencieux). De façon générale, le film de Peter Hyams vient répondre en partie aux questions que laissaient en suspens le film de Kubrick, de la folie de HAL à la probable origine du Monolithe. Probable, car jamais véritablement dévoilée. Mais, visiblement, la réponse tendrait vers une origine non divine de la chose. Non divine certes, mais possédant des pouvoirs équivalents à ceux que l'on attribue habituellement à des divinités: création, destruction, vie, mort, transformation, immortalité, etc... Mais le véritable sujet du film est tout autre; il est d'ordre politique. Le film nous décrit en effet une Terre où la Guerre Froide bat son plein, l'URSS et les USA étant sur le point de se déclarer une guerre que l'on devine définitive. Or, pendant ce temps, se trouvent à bord d'un vaisseau spatial russe, l'Alexei Leonov, un équipage composé à la fois de russes et d'américains, et qui vont apprendre à vivre (et survivre) ensemble. Le microcosme image du macrocosme, une façon on ne peut plus classique de dénoncer les erreurs de l'Homme, en particulier en matière de politique. Car, bien entendu, que signifie être russe ou américain au fin fond de l'espace profond, qui plus est lorsque l'on est confronté à une preuve d'intelligence extra-terrestre? Et si le film laisse de côté, au contraire du roman, toutes les frasques amoureuses des membres de l'expédition, les rapprochements et amitiés naissantes entre les voyageurs n'en restent pas moins au centre du récit (cf. les rapports entre Maxim Brajlovsky et Walter Curnow, ou ceux entre Floyd et Tanya Kirbuk, voir même entre ce même Floyd et Irina Yakunina). ![]() Mais le point culminant de cette dénonciation de la folie d'est homme n'est autre que le message que car diffuser en boucle HAL: ALL THESE WORLDS ARE YOURS EXCEPT EUROPA ATTEMPT NO LANDING THERE USE THEM TOGETHER USE THEM IN PEACE Dans le roman les deux dernières lignes sont absentes. Le message passe alors d'une simple déclaration de non ingérence à quelque chose de plus ambigüe: En effet si d'un côté, les être humains se voient interdire de venir ne serait-ce que voir ce qui se passe sur Europa, ils se voient aussi jugés, voir forcés d'agir de façon pacifique entre eux. On peut difficilement montrer plus explicitement du doigt la folie de la Guerre Froide, jugée jusque par les mystérieuses entités extra-terrestres. Et la transformation de Jupiter en nouvelle étoile de symboliser l'espoir sur Terre. Mais aussi, de façon indirecte, la menace de représailles des (ou de la) toutes puissantes entités en cas de non respect des règles. Ou comment un message de paix (typique de la franchise Star Trek, une série bien trop souvent raillée, et ce pour de mauvaises raisons) de se retourner en menace mortelle. Fini la guerre froide, mais à la place une possible Guerre des Etoiles, une guerre où l'homme n'a strictement aucune chance. ![]() Le film connut un succès qui, s'il fut loin d'égaler celui de 2001 l'Odyssée de l'espace (56 millions de $ de recettes pour un budget de 10 millions pour le film de Kubrick contre 40 millions de $ de recettes pour le film de Peter Hyams), n'en fut pas moins plutôt bien reçu par les critiques et les spectateurs, lui reconnaissant une indéniable maîtrise technique et un sens du spectacle réel, même si jamais le film ne pourra égaler 2001 l'Odyssée de l'espace. Si vous avez aimé 2010, l'année du premier contact, vous aimerez aussi:
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Passer après Stanley Kubrick n'est pas, c'est le moins que l'on puisse dire, chose aisée. Surtout lorsqu'il est question de s'attaquer à ce que d'aucuns considèrent
comme son chef d'oeuvre, à savoir 2001, l'Odyssée de l'espace. Même si Peter Hyams s'en sort plutôt bien, il est vrai aidé au scénario par le
roman d'Arthur C. Clarke, les fans du film original risquent fort de ne pas apprécier cette nouvelle odyssée, Hyams préférant le factuel au
métaphysique.
Résultat, un film qui manque cruellement de mystère, même s'il reste l'un des plus réussis de son réalisateur, aussi bien dans la mise en scène, dans la direction d'acteurs, que par la qualité des ses décors spatiaux. ![]() |