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La Partie et le tout, le monde la physique atomique


 


 
La partie et le tout, le monde la physique atomique, chez Acte Sud, collection Babel

Auteur

Werner Heisenberg

 

Genre

Essai
 

Année de sortie

1972
 

Résumé

Cet ouvrage d'ensemble du grand physicien -auteur de ces "relations d'incertitude" qui firent couler tant d'encre scientifique et philosophique- est une magistrale évocation d'une période essentielle de l'atomisme contemporain: l'ère des découvertes décisives. L'illustre Prix Nobel retrace, chapitre par chapitre, de 1920 à 1965, le déroulement des choses, les hésitations et les enthousiasmes, les propos ou discussions avec les plus grands savants du temps: Einstein, Bohr, Dirac, Pauli, etc. Le tout sous forme de conversations librement échangées, souvent lors de randonnées en montagne ou sur mer. On y trouve aussi bien les vues des partenaires sur la philosophie, la religion, les rapports avec le pouvoir, dans une histoire vertigineuse qui couvre plus de 50 ans de vie nationale.
Car on ne saurait trop insister sur le caractère général, le prodigieux témoignage humain de ses pages, bien au delà de leur valeur proprement scientifique. Drame d'un jeune allemand confronté au désastre de 1918, effrayante montée du nazisme, spectre de la guerre qu'il estime d'avance perdue, écrasement de 1945 et captivité en Angleterre, tragiques débats de ces grands esprits honnêtes sur les cas de conscience nés des exaltants progrès de leur science appliquée, avec la bombe, aux oeuvres de destruction. Sérénité et courage résigné venues avec le temps et l'effort.
Ce document fondamental est d'ailleurs toute éclairé d'art, de musique, d'allusions littéraires que dominent Platon et Goethe. Une prodigieuse culture vivante et aussi des perspectives inattendues: un Heisenberg obligé parfois d'être valet de ferme ou bûcheron. En un mot, on s'attendait certes à trouver un savant, mais on rencontre un homme.

 

 


 

Avis

Note :
 
Se plonger dans les méandres de la psyché d'un homme d'exception comme Werner Heisenberg, Prix Nobel de Physiques, est toujours quelque chose de passionnant. Et encore plus dans le cas de cet essai. En effet, cet ouvrage, conçu comme une autobiographie chronologique de l'auteur, est au final beaucoup plus que cela, reflétant au travers de discutions relatées par l'auteur, les idées d'un homme sur des sujets allant de la science à la politique, en passant par la philosophie, la musique et bien évidemment la guerre.
On découvre au travers de ces discutions, souvent avec d'aussi illustres scientifiques que lui (Einstein, Pauli, Bohr, Dirac) des idées, toujours passionnantes, parfois partagées avec ses interlocuteurs, parfois non. On se laisse embarquer dans le cheminement intellectuel d'un jeune homme, qui deviendra un homme, puis un Homme, l'histoire s'étalant sur presque 40 ans de sa vie. Des débuts, où Werner Heisenberg se cherche encore (va-t-il se lancer dans une carrière scientifique? Dans une carrière musicale?), à la reconnaissance de ses pairs, grâce à ses découvertes sur l'atome, et ses idées révolutionnaires, et qui ont fini par changer non seulement la physique atomique au niveau mondial, mais aussi la science tout court.
Les parallèles entre la science et les arts éclaire le travail de ses hommes et femmes que sont les scientifiques théoriciens de façon nouvelle, montrant à quel point une nouvelle théorie scientifique va bien au delà de la simple acceptation d'un nouveau théorème scientifique, les liens tenus avec la philosophie, le religion et la science apparaissant de façon claire à la lecture de cet essai. Par exemple, au fil de l'Histoire, les instances religieuses ont toujours luttés contre les grands scientifiques, chaque nouvel théorie venant rendre à priori caduque des positions religieuses (la création du monde, Adam et Eve, la terre au centre de l'univers, rien que pour la religion catholique); Heisenberg démontre que les incohérences entre les deux instances n'est pas aussi évidente que cela, bien au contraire.
De plus, nous découvrons que pour faire évoluer la science, il faut revenir non seulement sur les acquis scientifique mais aussi, et surtout, sur les acquis idéologiques. Quoi de mieux alors que de se plonger dans la philosophie, et les grands penseurs? On découvre ainsi que l'auteur était un adepte des théories de Platon, ce qui lui a permis de s'écarter des carcans imposés par la pensé scientifique de son époque, tout comme Newton l'avait fait de son temps. La nouvelle vision du monde induite par cette nouvelle approche était tellement révolutionnaire de son temps que même les grands esprits de l'époque, tel Einstein qui a eu beaucoup de mal à accepter les théories quantiques d'Heisenberg. Cela n'a pas empêché les deux hommes d'avoir des relations non seulement courtoises mais aussi fondamentales pour leur travail respectif.
Le dernier point pour lequel cet essai est absolument unique, c'est la Seconde Guerre Mondiale, vue non seulement du coté allemand, mais aussi et surtout vu du coté des intellectuels et scientifiques allemands, obligés, de part leur choix de rester dans leur pays, de se battre pour une cause qu'ils ne considéraient nullement comme juste. Heisenberg et les physiciens atomistes ont donc, de par leur "échec" à construire une bombe atomique pour l'Allemagne, contribué à la recherche pour l'Après-guerre, et entravé l'avancée technologique allemande. Au péril de leur vie, serait-on tenté de préciser.
 
Une belle leçon d'histoire, doublé d'une réhabilitation d'un homme, qui fut pendant longtemps considéré à tort pour ce qu'il n'était pas.
 

 

 


 
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