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Au Bout du labyrinthe


 


 
Au bout du Labyrinthe, chez J'ai Lu

 

Auteur

Philip K. Dick

 

Genre

Science Fiction
 

Année de sortie

1970
 

Résumé


 
Seth Morley, océanographe, est transféré avec sa femme Mary sur Delmak-O. Ils y retrouvent Ben Tallchief, qui a obtenu sa mutation en adressant une prière vers les mondes divins, et 12 autres humains. Mais nul d'entre eux ne connait le but de leur colonie et quelles sont leurs instructions. Ils deviennent de plus conscients qu'ils sont tous des ratés, affublés chacun d'un vice, et dont la spécialité technique n'est d'aucune utilité sur ce monde. Et quel est cet Edifice mystérieux qui semble se déplacer au fur et à mesure qu'on l'approche ? Quelle est la véritable fonction de ces autochtones gélatineux, les tench, qui reproduisent les objets qu'on leur présente ? Pourquoi l'un d'entre eux ne fait-il que reproduire le Livre d'A.J Spectowsky "Comment j'ai ressuscité d'entre les morts à mes moments perdus comme vous aussi vous pouvez le faire" ? Mais ce qui préoccupe le plus les membres de la colonie, c'est la mort qui frappe l'un d'entre eux, puis un autre, puis un troisième...

 


Avis

Note :
 
Aurore sur un jardin de plames, collection Omnibus Au bout du labyrinthe n'est pas le roman le plus connu de son auteur, Philip K. Dick. il mérite pourtant que l'on se penche sur son cas, tant le livre est à la fois un condensé des thématiques de son auteur, doublé d'un thriller science-fictionnel d'une efficacité totale, à mettre aux côté d'un Ubik avec lequel il partage nombres d'idées (ce qui est soit n'est pas étonnant, les deux romans ayant été écrits à la même période, 1966 pour l'un et 1968 pour l'autre).
Le roman commence de façon très cinématographique, avec présentation des principaux protagonistes lors de leur préparation au départ pour leur mystérieuse destination, Delmak-O, le tout teinté d'une pointe de mysticisme (le Marcheur), de mystére (quelle est cette étrange planète? Pourquoi avoir choisi des gens aux compétences si inutiles dans l'environnement présent?), et bien sur de paranoïa (bien sur, car un roman de Dick sans paranoïa ne serait plus tout à fait un roman de Dick). Et très vite, la réalité apparente et logique va se fissurer: des mouches mécaniques chanteuses, des insectes eux-aussi mécaniques dotés de mini-caméras, un Edifice mystèrieux qui se déplace, et bien sur, des morts. Très intelligemment, Philip K. Dick nous présente au début du roman deux personnages en particulier, Ben Tallchief et Seth Morley. L'un est destiné à devenir la première victime, et donc le moteur scénaristique du roman, et l'autre le personnage de point de vue. Le roman passe très vite de roman de pionniers à thriller horrifique (qui est le coupable? Pourquoi?), le tout mâtiné d'horreur existentielle (un monde fait de faux-semblants). Et qui se paye le luxe d'un twist final incroyable, non seulement en avance sur son temps mais aussi et surtout effroyablement difficile à percer à jour avant la toute fin.
Et Philip K. Dick, en homme en quête de son dieu, de proposer ici une religion créé de toutes pièces, sorte de mélange des grands courants religieux de son temps (christianisme et bouddhisme en tête), cohérente, y compris (surtout?) dans un environnement science-fictionnel.
D'ailleurs, en parlant de science-fiction, habituellement la S-F ne sert que de décor à son auteur, plus intéressé qu'il est par l'analyse de l'esprit humain, et ce en dehors de quelques romans, tel Ubik. Pourtant ici, l'apport science-fictionnel est réel et véritablement novateur, faisant de ce roman l'un des précurseurs majeurs du mouvement cyberpunks, un mouvement qui sera rendu célèbre à partir du début des années 80 avec les romans du maître du genre, William Gibson.
Philip K. Dick brouille avec ce roman les pistes, mélangeant la S-F, la philosophie existentielle, la religion, le thriller, l'horreur, la psyché humaine, en particulier dans tout ce qu'elle a de plus destructeur, des pulsions de mort aux folies les plus poussées, de la paranoïa à la schizophrénie, en passant par les T.O.C. et autres psychoses obsessionnelles. D'ailleurs, dans le roman, se laisser aller à ses psychoses risque fort d'entraîner la mort, que ce soit les crises de nymphomanie de Susie Smart, l'hypocondrie de Maggie Walsh, ou bien encore les crises religieuses de Tony Dunkelwelt. Ceci dit, combattre ses psychoses et les surmonter ne signifie pas forcément survivre....
Et la fin du roman de sombrer dans un pessimisme absolu, le destin des héros étant tout tracé, et absolument inéluctable. Et le parallèle avec le destin de l'humanité est facile à faire: chacun doit affronter l'autre, dans une lutte perpétuelle qui n'aura qu'une seule conclusion possible: la mort. Le pire étant que d'un point de vue cosmique, la Terre, centre de tant de luttes, n'est rien d'autre qu'un grain de sable, perdu au fin fond de l'immensité de l'univers. Comme l'annonce Alien, le film de Ridley Scott (qui, s'il n'a pas lu au bout du labyrinthe, traite de sujets très proches): "dans l'espace, personne ne vous entendra crier".
 
Au bout du labyrinthe est un très grand roman de Philip K. Dick, un roman qui aura influencé de façon plus ou moins directe quelques grands noms de la science-fiction de la fin du XXème siècle, de William Gibson en passant par Ridley Scott, ou bien encore les frères Wachowski.

 

 


 
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