
Pour son premier roman,
Martha Wells s'est créé un univers attachant, riche et original, sorte de fantasme d'Europe
des Lumières, où magie, sorcellerie, nécromancie et monde des fées sont réels. Nos héros sont tout droit sortis de la Cour du Roi-Soleil, avec
ici en lieu et place de Louis XIV le jeune Roland, entouré d'intrigants ne rêvant que de pouvoirs et de trahison. Lorsque là dessus viennent d'ajouter un sorcier en
mal de vengeance et des fées noires désireuses de massacrer les humains, le lecteur se retrouve au milieu d'une tourmente incessante, ainsi que de l'action pratiquement
non stop.
Les personnages principaux, Thomas et Kade, sont plutôt réussis et attachants, tout comme le sont les méchants de l'histoire, avec en particulier le sorcier Urbain
Grandier, fort réussi.
Martha Wells aura du mal à retrouver cette alchimie dans
La mort du nécromant, qui se déroule dans le même univers, mais à une époque
future (en gros l'équivalent de notre XIXème siècle).
On voit en tout cas que l'auteur connait un tant soit peu l'Histoire européenne, en particulier les rapports troubles entre inquisition, alchimistes et sorciers de cour, ainsi que
ses classiques (
Shakespeare en particulier, citant
le songe d'une nuit d'été avec sa Cour des fées et sa reine Titania, ouvertement amoureuse d'un humain,
tout comme dans la pièce du poète britannique).
L'action est trépidante, avec ce qu'il faut de retournement de situations, mais aussi de poncifs du genre, fortement attendus par le lecteur (la face à face entre le héros et le
méchant pour n'en citer qu'un), faisant de ce
faut primordial un roman très divertissant, qui, s'il ne révolutionne pas le genre, n'en reste pas moins une
oeuvre conseillée à tout amateur de fantasy aventureuse, bien plus réussie que nombre de romans pourtant plus connus (et ceci sans parler des best sellers que sont les
livres de la saga des
Royaumes oubliés, dont les qualités artistiques sont inversement proportionnels à leur notoriété).
Une chose est sure, cela donne envie de se replonger dans l'univers d'Île-Rien. Et même le décevant
mort du nécromant ne viendra pas refroidir cette envie. Si l'une comme l'autre de ces histoires peuvent
êtres lues indépendamment, il n'en ira pas de même des autres romans de la saga (
Chasseurs de sorciers,
Les Vaisseaux des airs et
Le portail des dieux), puisqu'ils font partie d'une trilogie:
La chute l'Ile-Rien.