
Dernier volume de la
Trilogie des magiciens,
le prince félon est un condensé de toutes les faiblesses
artistiques de son auteur,
Katherine Kurtz. On y retrouve son "goût" de la redite, avec en particulier le coup usé
jusqu'à la corde de la transmission du pouvoir deryni chez les rois de Gwynedd (deux fois dans ce seul roman); des personnages toujours aussi caricaturaux et interchangeables (les méchants
se ressemblent tous, et les héros de même); les péripéties se répètent encore et encore (d'un roman sur l'autre, les mêmes événements se
retrouvent, avec à peine quelques changements mineurs d'une histoire à l'autre);....
Mais pire,
Katherine Kurtz arrive à écrire le contraire de ce qu'elle veut faire ressentir à son lecteur! En effet,
dans toute sa saga des derynis les magiciens sont (normalement) décrits comme héroïques, respectueux de la vie et des autres en général, et surtout, sont censés
n'utiliser leurs pouvoirs que pour le bien de l'humanité; or, dans ce roman, et se sans s'en rendre compte (ce qui prouve le sérieux d'écriture de l'auteur), les derynis se montrent,
pour peu que l'on décortique leurs agissements, plus diaboliques que les ennemis. Ils utilisent leur magie pour modifier et les souvenirs et les pensées de leur adversaires (voir même
d'innocents lorsque la situation se présente), ce qui n'est ni plus ni moins que du lavage de cerveau, une technique que les "diaboliques" régents n'ont jamais osé utiliser. Plus
grave, ils utilisent un tueur (lui-même sous contrôle mental) pour assassiner les ennemis des derynis, et ce sans que ceux-ci ne soient le moins du monde impliqués. Ceci montre
à la fois la lâcheté des personnages (premièrement, ils n'interviennent pas directement, se lavant les mains des meurtres qu'ils commanditent, et deuxièmement, ils
prouvent qu'ils sont capables d'utiliser les pires techniques pour arriver à leurs fins) et le niveau pour le moins malléable de moralité des "héros". D'ailleurs, à
la fin du roman, alors même qu'ils ont gagnés, l'auteur nous dit que pratiquement tous les méchants meurent dans l'année qui suit le renversement de pouvoir, ce qui laisse
entendre qu'une nouvelle fois, alors que le besoin ne se fait plus sentir, le meurtre est encore une technique qui a lieu chez les derynis. Soit l'auteur ne réfléchit beaucoup pas lors de la
rédaction de ses romans (elle ne serait pas la première), soit, et c'est plus grave, elle considère que le meurtre et le lavage de cerveau sont des techniques qu'il et possible
d'utiliser si l'on se considère dans son droit (ce qui bien entendu est lourd de conséquence quand au fonctionnement de la psyché d'une personne pensant cela).
Jusqu'à présent, seuls les méchants les plus diaboliques des romans populaires (façon Fu Fanchu) avaient osés se montrer aussi diaboliques!
L'auteur fait aussi des choix scénaristiques étranges pour ce roman: Tout d'abord en faisant de son héros de point de vue celui qu'elle s'était évertuée
à dénigrer et à faire passer pour un imbécile politique d'une naïveté absolue dans les romans précédents
(
l'année du roi Javan en particulier). Ensuite, après nous avoir fait comprendre que Rhys Michael était
avec le temps devenu rusé et calculateur (et ce grâce à une ellipse narrative - 6 ans plus tard- bien pratique), voilà notre auteur de se débarrasser de son héros
à mi roman (et ce même si elle nous y préparait lourdement depuis les toutes premières pages du livre). Et cette mort providentielle de bizarrement faire basculer le pouvoir
et de renverser les régents (alors qu'ils en sont après tout à leur troisième régicide) en un tour de passe-passe que même le lecteur le plus docile aura du
mal à accepter.
Si la saga de Derynis est d'un niveau globalement faible, ce dernier épisode se déroulant "dans le passé" de l'univers de l'auteur est de loin le plus faible de la saga.
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