Les deux journalistes,
Ariane Chemin et
Raphaëlle Bacqué, ont suivis pendant toute la campagne la candidate du parti
socialiste,
Ségolène Royal, et ont sorti ce livre, suite à l'échec de celle-ci, relatant la montée d'une femme que
personne n'attendait. Se voulant factuel,
la femme fatale n'a que le titre de provocateur. Le contenu est quand à lui assez tendre,
beaucoup plus que le
Qui connait Madame Royal? de l'ex membre du parti socialiste
Eric Besson. Il faut dire que ce dernier a une dent contre la candidate, ce que n'ont pas les
deux journalistes. La brouille entre la candidate socialiste et son ancien collaborateur est d'ailleurs abordé dans ce livre (le contraire aurait
été surprenant), mais quiconqu a lu le brulot de
M. Besson trouvera ce livre
bien fade.
Le récit s'intéresse bien plus à l'avant élections qu'aux deux tours des présidentielles de 2007, et en particulier à
la lutte d'une femme contre les éléphants du parti, qu'elle accuse de sexisme (elle accusera de la même chose son adversaire, le futur
président
Nicolas Sarkozy). Elle en veut visiblement énormément aux dirigeants de son parti, y compris son compagnon
François Hollande. Son ambition est plus forte que son couple, qui ne survivra pas à l'épreuve. Son désaccord avec les
têtes pensantes de la Gauche est tel qu'elle préfère faire sa campagne seule, sans l'appui du parti, mais cependant en son nom... Cela lui
vaudra quelques ennemis à gauche. Sans doute comptait-elle sur la victoire pour faire taire ses détracteurs.
Et ils sont nombreux, la candidate accumulant les bourdes tout au long de la campagne. Le manque de préparation y est sans doute pour quelque
chose. Le fait qu'elle se croit investie d'une mission pratiquement divine aussi. Sur ce point, la candidate sa compare volontiers à Jeanne d'Arc,
et met en avant son appartenance à la religion catholique, ce qui a comme résultat de la faire pointer du doigt par les membres de son parti,
dont l'un des fers de bataille est justement la laïcité. Mais
Ségolène Royal s'en moque, et préfère s'entourer
de jeunes partisans sans expérience en politique.
Combative,
Madame Royal l'est. Rancunière aussi. Sa campagne est en grande partie basée sur sa pugnacité et sa haine d'une
politique française qu'elle juge sexiste.
Elle n'hésitera pas à mentir effrontément aux caméras pour arriver à ses fins (comme tous les politiciens?), accusant ses adversaires
de mensonge, et de manque d'intérêt pour les français (elle-même apparait comme s'en moquant éperdument).
De même qu'elle accuse ses adversaires, et en particulier
Nicolas Sarkozy, d'avoir des amis people. Elle a tendance à oublier ses
accointances avec l'écrivain à succès
Fred Vargas ou bien encore le philosophe
Bernard Henri-Levy, qui lui apportera
beaucoup dans la campagne.
Une femme fatale? Peut-être pas. Mais en tout cas une femme ambitieuse, prête à tout pour arriver au plus haut poste de la
République.
Ce récit de campagne, s'il n'a pas été lu au moment de sa sortie, ne présentera que très peu d'intérêt pour le lecteur,
sauf si celui-ci se passionne pour la politique française. Et encore, sans doute préférera-t-il le bien plus cinglant
Qui connait Madame Royal?
d'
Eric Besson.