Le sabotage amoureux est le second roman d'
Amélie Nothomb, après
Hygiène de l'assassin, roman qui fit
de son auteur une star de l'édition du jour au lendemain. Depuis ce jour, tous les ans, comme un métronome,
Amélie Nothomb
sort un roman par an, toujours à la même période.
Le sabotage amoureux fait partie de la catégorie des romans autobiographiques de son auteur, comme ses futurs
Stupeur et tremblements (sans doute son plus connu à ce jour),
Métaphysique des tubes,
Biographie de la faim, ou bien encore
Ni d'Eve ni d'Adam. Mais, comme l'écrivain
belge ne fait jamais rien comme les autres, ces romans autobiographiques prennent toujours une forme très particulière, où l'humour côtoie le flamboyant, l'épopée
l'insignifiant, le tout sur fond de déformation historique, lié non seulement à la vision que peut avoir un enfant d'une situation internationale compliquée
(
Amélie a sept ans lorsqu'elle emménage en Chine), mais aussi et surtout à la déformation volontaire d'un monde
qui doit obéir aux règles définies par la jeune
Amélie (un vélo est un cheval, le communisme se
définit par un pays où il y a des ventilateurs, la guerre est bonne pour l'homme, mourir pour l'être aimé est la chose la plus belle au monde, surtout si cet être
aimé n'éprouve rien pour vous, etc..).
Si nombreux sont ceux qui trouvent
Amélie Nothomb égocentrique et prétentieuse, c'est justement ce qui fait tout
le charme de ses romans, surtout qu'elle en est consciente. D'ailleurs, tout le charme de ses romans (surtout ceux autobiographiques) repose sur cette ambivalence entre la haute opinion qu'elle a
d'elle-même et son humour omniprésent. D'ailleurs, le charme d'un auteur comme
Isaac Asimov, grand maître de la science-fiction
américaine, fonctionnait exactement sur le même schéma.
Si les férus d'histoire n'apprendront finalement pas grand chose de la Chine communiste des années 70, en dehors de la vie des enfants dans les ghettos protégés
dédiés aux étrangers, les amateurs d'aventures rocambolesques et amoureuses à la limite du nonsensique (surtout sous la plume lyrique de son auteure) seront aux anges. Car
le livre raconte deux histoires (qui finalement n'en forment qu'une): une guerre des boutons entres enfants d'ambassadeurs et autres diplomates, et la découverte de l'amour fou de son auteur. Et que la cible de cet
amour soit une petite fille n'est en rien surprenant, la sexualité d'
Amélie Nothomb étant pour le moins confuse (et ce
même si à sept ans il est encore un petit peu tôt pour parler de sexualité).
En tout cas, avec ce roman,
Amélie Nothomb installe définitivement son univers décalé, pour le plus grand
plaisir du lecteur.