Amélie Nothomb n'est jamais aussi éloquente que lorsqu'elle parle d'elle-même ou de son pays de coeur, le
Japon.
Ni d'Eve ni d'Adam, tout comme le livre le plus connu,
Stupeur et tremblements, rentre dans cette double catégorie. Et comme toujours avec cet auteur bien
à part, les plus simples des événements, comme par exemple manger une fondue, peut prendre des allures tout à fait inattendues. Toujours décalée,
Amélie Nothomb se créé un univers reconnaissable entre mille, où le lecteur prend un plaisir presque
coupable à venir espionner la petite belge, ici aux prises avec l'amour. L'amour! Ce qui chez la majorité des écrivains est une inspiration, pouvant aboutir à
des oeuvres tentaculaires, parfois géniales, parfois mièvres à souhait, n'a qu'un seul effet chez notre écrivain: la faire fuir. Tout son roman (car est-ce
véritablement une autobiographie? On est toujours en droit de se le demander avec
Amélie Nothomb) n'est que cela:
la fuite amoureuse. A-t-elle peur de l'engagement? Sans aucun doute! A-t-elle peur de la séparation d'avec sa soeur, Juliette? Sans doute aussi. Mais pas seulement. La pensée
d'
Amélie Nothomb est tellement tordue (et donc forcément géniale) qu'un seul livre ne suffira pas à
faire le tour du sujet (d'autant plus que les écrits d'
Amélie Nothomb sont toujours très -trop- courts).
L'excentricité de l'auteur frise parfois le charlatanisme, mais cela fait partie du personnage, et c'est bel et bien ce qui lui donne son charme inimitable.
Par contre ceux qui espèrent en apprendre plus sur la culture nipponne risquent de rester sur leur faim, tant tout ce qui se déroule dans
ni d'Eve ni d'Adam semble
marginal. Marginal par rapport au mode de pensée japonais, mais aussi par rapport à la société même, la moitié au moins du récit se
déroulant entre quatre murs (tout d'abord ceux d'une amie d'Amélie, puis ceux de la maison familiale de Rinri).
Comme dans la majorité des écrits de l'auteur, c'est d'
Amélie Nothomb que parle
Ni d'Eve ni d'Adam.
Résultat, les fans adoreront, les autres risquent fort de commencer à se lasser de l'écrivain, surtout que les précédentes oeuvres de l'auteur
s'étaient révélés être d'une qualité toute relative. Certains pourront voir dans ce nouvel opus des pensées
nothombiennes le retour au top de l'auteur, et les autres la preuve qu'elle n'a plus rien à dire.
Mais ne serait-ce pas là le secret de fabrication d'
Amélie Nothomb? Etre toujours sur le fil du rasoir, entre le
génie et l'arnaque littéraire, tout comme sa philosophie de vie, mélange de hautes aspirations spirituelles et de philosophie de bas étage. En tout cas un
auteur (et une oeuvre) qui ne peut laisser indifférent.