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![]() Le Retour de Merlin est un film produit, scénarisé et réalisé par le sud-africain Paul Matthews, avec un budget anémique qui ferait sourire plus d'un producteur de blockbuster hollywoodien. Ce film est typique de tout un pan du cinéma d'exploitation, destiné à être vendu à la télévision ou à une sortie en vidéo, sans passage par la case cinéma. D'un autre côté, lorsque l'on voit que des films prestigieux, voir primé dans différents festivals (cf Fragile, pour n'en citer qu'un), n'arrivent pas à sortir en salles, comme un film comme le retour de Merlin pourrait ne serait-ce qu'envisager un sort plus envieux. Afin de le rendre bankable, ou en tout cas attractif dans les bas des supermarchés, le film s'offre au casting des stars, que ce soient Adrian Paul, Tia Carrere, Patrick Bergin, ou bien encore, dans une moindre mesure Rik Mayall. ![]() Comme le titre le laisse supposer, le film de Paul Matthews se base sur les légendes arthuriennes. Mais c'est surtout pour mieux s'en éloigner, car il sera bien difficile de reconnaître l'histoire des chevaliers de la Table Ronde dans cette farce télévisuelle involontaire. Les personnages sont au mieux peu crédibles, au pire totalement ahurissants, vides de sens, voir même ridicules. Et le scénario, confus au dernier point, ne viendra pas contrebalancer la maigreur de caractérisation des personnages. Merlin est ainsi à la fois un magicien de pacotille (à peine moins ridicule que celui de la série parodique française Kamelott) et un terrible druide aux pouvoirs surhumains; mais malheureusement pour lui penchant plus souvent du côté du ridicule que de l'épique. Le film étant censé se reposer sur ses épaules, on voit aisément que ce dernier est mal parti. Surtout lorsqu'il est mis face aux fameuses vedettes du film, Adrian Paul en tête. Ce dernier a bien du mal à faire oublier son passé de Highlander (mais d'ailleurs, n'est-ce pas volontaire?), et n'est absolument pas crédible une seconde en Lancelot. Son amante, le reine Guenièvre (ici une guerrière, peut-être la seule bonne idée du film), est quand à elle incarnée par Julie Hartley, une chanteuse à succès en Afrique du Sud. Le couple là aussi ne fonctionne pas. Et c'est encore pire lorsqu'elle est en face de son mari, le roi Arthur, incarné par Patrick Bergin. Difficile d'imaginer couple plus mal assorti que ces deux là. Toujours du côté des héros, Byron Taylor (un habitué de ce genre de productions), est à la fois insipide et agaçant, ce qui, il faut l'avouer, n'est pas chose aisée. Face à lui, Leigh Greyvenstein (elle aussi une "figure" de la fantasy bas de gamme made in Afrique du Sud) s'en sort bien mieux. C'est d'ailleurs peut-être elle qui arrive le mieux à tirer son épingle du jeu. Parce que du côté des méchants, les choses ne vont pas bien mieux. Mordred, le grand méchant, est incarné par un Craig Sheffer grimaçant, affublé d'une perruque qui force le respect, dont l'excès dans le jeu n'a d'égal que la piètre qualité de ses partenaires. Morgane, sa mère (habituellement la grande méchante dans les histoires arthuriennes), n'est ici qu'un souffre douleur pour sa brute de fils, et est bien loin de l'incarnation du mal et de la luxure que l'imagerie populaire nous avait habitués à nous présenter. Et Tia Carrere dans tout cela? Et bien, elle est totalement invisible. Son personnage est inutile, n'apportant rien de bien passionnant à l'intrigue (tout en réussissant à la complexifier, là où au contraire il aurait fallu désopacifier une histoire par trop confuse). Et l'actrice, visiblement venue cachetonner, semble totalement absente et désintéressée par ce qui se passe. ![]() Et pourtant le film a de quoi passionner! D'un côté, le spectateur a le droit à l'attaque d'un camion par des chevaliers sortis d'on ne sait où, une attaque toute droit sortie des visiteurs de Jean-Marie Poiré, le comique volontaire en moins. De l'autre, une Angleterre bien difficile à reconnaître, tant les extérieurs ressemblent à ce qu'ils sont, à savoir des extérieurs sud-africains. On passera les effets spéciaux numériques d'un autre temps, par décence, ainsi que les décors de la grotte de Mordred (d'ailleurs, comment Lancelot et Guenièvre ont-ils fait pour survivre dans une grotte entourée de leurs ennemis mortels pendant 1500 ans?) Et le clou du spectacle n'est autre qu'un lieu inséparable (à tort) des légendes arthuriennes, à savoir Stonehenge. Ce lieu imposant et gigantesque est devenu dans le film de Paul Matthews une ridicule petite formation de pierres levées, non plus dominant une plaine, mais dans une sorte de clairière, encerclée par des arbres, qui rendent le site encore plus étriqué qu'il ne l'est réellement. Il est possible de rire bien souvent dans ce film, négation quasi totale de l'art cinématographique, dans un but clairement mercantile, destiné qui plus est à un public jeune et peu regardant. Si vous avez aimé Le Retour de Merlin, vous aimerez aussi:
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Si certains petits films méconnus peuvent s'avérer être de bonnes, voir très bonnes surprises, tel n'est malheureusement pas le cas ici. Scénario pour le moins confus,
personnages sans profondeur, intrigue et situations qui frisent bien souvent le ridicules, acteurs qui soit cabotinent (Rik Mayall) soit au contraire sont dans le non jeu absolu
(Tia Carrere), le tout dans une Afrique du Sud qui a bien du mal à se faire passer pour le sud de l'Angleterre.
Cinéphiles, passez votre chemin, car ce film vous fera mal. ![]() |