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Good Bye Lenin!
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Titre originalGood Bye Lenin!
Synopsis
La mère d'Alex, jeune berlinois de l'Est, était dans le coma au moment de la chute du mur. 8 mois après, alors que tout a changé dans la ville, elle se
réveille. Pour lui éviter un choc fatal, Alex s'arrange pour faire revivre la RDA socialiste dans les 79m² de leur appartement. Tout ira bien tant que maman ne sortira pas de sa
chambre.
GenreComédie dramatiqueAnnée de production
Date de sortie en France15 mai 2003RéalisateurWolfgang Becker
MusiqueYann Tiersen
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Casting
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César |
Catégorie |
Année | Bénéficiaire
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Meilleur film de l'Union Européenne | 2004 | Wolfgang Becker |
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Festival de Berlin |
Catégorie |
Année | Bénéficiaire
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2003 | Wolfgang Becker |
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BAFTA |
Catégorie |
Année | Bénéficiaire
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meilleur film en langue non anglaise | 2004 | Stefan Arndt et Wolfgang Becker |
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Festival de Berlin |
Catégorie |
Année | Bénéficiaire
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Ours d'Or | 2003 | Wolfgang Becker |
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Golden Globes |
Catégorie |
Année | Bénéficiaire
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Meilleur film étranger | 2004 |
Si en France, le mouvement Ostalgie est pratiquement inconnu, il n'en est pas de même en Allemagne, et pour cause. Ce mouvement désigne un certain regard en arrière sur
l'ancienne R.D.A., avant la chute du mur, sans regret ni au contraire dédain. Le cinéma allemand c'est intéressé à ce mouvement au tournant du
siècle, le premier film du genre étant habituellement considéré comme étant Les trois vies de Rita Vogt (2000), où jouait déjà
Alexander Beyer. Good Bye Lenin! fait totalement partie de ce mouvement, et permettra d'ailleurs au monde entier
de le découvrir.
Mais qu'est-ce qui différencie donc le film de Wolfgang Becker des autres productions du genre? Sans doute un mélange savant de comédie, de tragédie, de
politique, de social, voir même de culture cinématographique, qui fait de ce film une oeuvre à part.
Wolfgang Becker arrive à éviter les pièges de la facilité propre aux genres cités. Comique sans être moqueur, tragique dans être
larmoyant, politique sans être revendicateur, social sans être moralisateur, et cinéphile sans être élitiste.
Le film a été tourné à Berlin, sur les lieus mêmes où se déroule l'histoire. Berlin Est a bien changé depuis la chute du Mur, et
même si les bâtiments sont toujours là, il est bien difficile de faire passer la ville pour ce qu'elle était quinze ans auparavant. Wolfgang Becker utilisera
la même technique de Jean-Pierre Jeunet avec le fabuleux destin d'Amélie Poulain (dont Good Bye Lenin! est très fortement inspiré, de
l'ambiance bon samaritain à la musique de Yann Tiersen), à savoir l'utilisation de la palette graphique pour masquer la ville actuelle et plonger le spectateur dans la
ville passée (ou fantasmée). Très discrets, les CGI sont indiscernables pour qui ne connait pas la ville. Un exemple de cette utilisation: l'hélitreuillage de la
statue de Lénine. Une image d'archive (l'une des plus connues de cette période) a été incrustée dans le film, de façon discrète mais
néanmoins marquante.
Le film s'attarde énormément sur le poids du mensonge. Mensonge d'un fils qui créé pour sa mère une R.D.A. disparue, mensonge d'une mère qui cache les
lettres envoyées par un père censé être passé à l'Ouest, mensonge du pouvoir à l'Est qui cache la situation politique internationale, mensonge
de l'Ouest qui promet monts et merveilles aux habitants de l'Est. Si certains mensonges partent d'un bon sentiment (celui d'Alex et de sa soeur en particulier), le poids à payer est
toujours lourd: La mort, la haine, la chute d'une nation, le chômage. Mais le cinéaste ne prend pas partie et ne fait qu'énoncer des faits.
Si le réalisateur dénonce quelque chose dans son film, c'est bien le pouvoir des images, en particulier au travers de la télévision. Si l'adage dit que les images
ne mentent pas, Wolfgang Becker nous démontre que bien au contraire, rien n'est plus menteur qu'une image. Utilisation d'images par le Parti pour glorifier une R.D.A. moribonde,
mais surtout recréation de cette même R.D.A., culminant par la chute de la R.F.A., par Alex et son ami Denis. Après avoir vu Good Bye Lenin!, est-il encore possible
de croire aux images que l'on voie à longueur de journée sur nos écrans?
Wolfgang Becker s'amuse avec les références dans Good Bye Lenin!. Certaines sont plus évidentes que d'autres. Ainsi, l'ambiance à la
Amélie Poulain est mise en avant par la musique de Yann Tiersen, qui recycle même l'un de ces morceaux du film de Jean-Pierre Jeunet, plaçant ainsi
le spectateur de façon subliminale dans une ambiance nostalgique et surtout bon enfant.
Le placement de marques, plaie du cinéma actuel (et en particulier des blockbusters hollywoodiens) prend ici tout son sens, avec le choc frontal entre les marques est-allemande et les
marques occidentales. D'ailleurs, si le réalisateur fait très attention quand au respect de ces marques maintenant disparues, lorsqu'il s'agit des marques occidentales, ce n'est
plus les logos d'époque que l'on voit, mais bien celles de nos jours. Le respect historique, encore une fois bafouée par la puissance de l'argent.
La présence d'Alexander Beyer au casting de Good Bye Lenin! est en soit un symbole. Non content d'avoir
joué dans le premier film d'ostalgie, Les trois vies de Rita Vogt, il était aussi présent au casting de Sonnenallee, où il jouait un est-allemand se
moquant des allemand de l'ouest. Or, le personnage qu'il joue ici est exactement le contraire.
Clin d'oeil de cinéphile qui est loin d'être le seul dans le film. Visiblement très influencé par Kubrick, Wolfgang Becker nous livre son
2001, l'Odyssée de l'espace (via le film amateur de Denis) et son Orange mécanique (l'installation de la chambre de la mère par Alex est montée comme
la scène de sexe du film de Kubrick, avec la même musique à l'appui). D'ailleurs, et dans Good Bye Lenin! et dans Orange mécanique le
héros se nomme Alex.
Certains ont vu dans le T-shirt porté par Denis un anachronisme, puisqu'il était impossible de porter un T-Shirt du film Matrix dix ans avant la sortie du film. Or, ce
choix fut totalement délibéré de la part du cinéaste (comme le prouve d'ailleurs les scènes coupées visibles sur le DVD): le but était de
faire le parallèle entre le film des frères Wachowski et le monde virtuel dans lequel Alex fait vivre sa mère. Situation qui d'ailleurs n'est pas sans rappeler
celle que connut Lénine sur la fin de sa vie, lorsque, malade, son parti lui mentit sur la situation internationale pour le maintenir en vie.
Le film fut extrêmement bien accueilli en Allemagne, aussi bien à l'est qu'à l'ouest, le travail de Wolfgang Becker étant salué par tous, et en
particulier du Festival International de Berlin, où le cinéaste y fut récompensé. Puis ce fut au tour de l'Europe de s'extasier devant Good Bye Lenin!,
avec un César à la clé. Le film reçut aussi le prix du film européen de l'année en 2003 (faisant du film le premier film allemand à recevoir
cette récompense). Récompense qu'avait deux ans auparavant reçu le fabuleux destin d'Amélie Poulain.
Angleterre et Etats-Unis aussi reçurent avec plaisir le film, avec une citation et aux B.A.F.T.A. et aux Golden Globes.
Good Bye Lenin! fera ainsi le tour des festivals internationaux, et fut l'un des plus grands succès du cinéma allemand depuis l'invention du cinémascope.
Good Bye Lenin! traite brillamment de son (de ses) sujet(s), sans porter de jugement ni sur l'est ni sur l'ouest, mélangeant les genre avec intelligence et savoir-faire,
transcendant les différences culturelles, à l'instar de son "grand frère" français, le fabuleux destin d'Amélie Poulain.
Porté par de jeunes acteurs totalement inconnus en dehors de l'Allemagne: Le très bon Daniel Brühl (dont le rôle devait initialement revenir à
Florian Lukas, qui finalement jouera le meilleur ami de Denis), ainsi que la charmante Tchoulpan Khamatova (qui ne parlant que peu allemand, devait se faire traduire ses
dialogues en russe pour les comprendre). Et bien sur sans oublier la mère, jouée par l'actrice confirmée Katrin Sass (Ours d'Argent en 1982 pour sa prestation
dans un an de citoyenneté).
En voyant Good Bye Lenin!, le cinéphile ne peut que se souvenir que dans l'Entre-deux-guerres, l'Allemagne était un acteur majeur du Septième Art, ayant produit des chefs d'oeuvre comme Metropolis, Nosferatu le vampire, ou bien encore Le Cabinet du docteur Caligari.