Philippe Abrams est directeur de la poste de Salon-de-Provence. Il est marié à Julie, dont le caractère dépressif lui rend la vie impossible. Pour lui faire plaisir, Philippe fraude afin d'obtenir une mutation sur la Côte d'Azur. Mais il est démasqué: il sera muté à Bergues, petite ville du Nord.
Pour les Abrams, sudistes pleins de préjugés, le Nord c'est l'horreur, une région glacée, peuplée d'êtres rustres, éructant un langage incompréhensible, le "cheutimi". Philippe ira seul. A sa grande surprise, il découvre un endroit charmant, une équipe chaleureuse, des gens accueillants, et se fait un ami : Antoine, le facteur et le carillonneur du village, à la mère possessive et aux amours contrariées. Quand Philippe revient à Salon, Julie refuse de croire qu'il se plait dans le Nord. Elle pense même qu'il lui ment pour la ménager. Pour la satisfaire et se simplifier la vie, Philippe lui fait croire qu'en effet, il vit un enfer à Bergues. Dès lors, sa vie s'enfonce dans un mensonge confortable...
 

 
A s'baraque
 
Tout le monde connaissait Dany Boon le comique. Presque tout le monde connaissait Dany Boon l'acteur (la Doublure). Par contre, rares étaient ceux à connaître Dany Boon le réalisateur. En effet, Bienvenue chez les Ch'tis n'est que son deuxième film en tant que metteur en scène, après la maison du bonheur en 2006 (film qui était déjà tiré d'une pièce de théâtre créé par Dany Boon). Cependant, l'envie de faire un film sur le Nord travaillait l'artiste depuis un certain temps déjà. Originaire de la région, il a toujours revendiqué ses origines et son attachement à la région et à sa langue. Pour ses dix ans de carrière il avait d'ailleurs créé un spectacle entièrement en Ch'ti. Spectacle qui avait lui aussi connu un véritable succès, et pas seulement dans le nord.
S'estimant enfin prêt à porter à l'écran un film hommage à sa région chérie, Dany Boon s'attaque, suite au succès de La maison du bonheur, au chantier (et plus particulièrement au scénario) de ce qui allait devenir le phénomène cinématographique de ce début d'année 2008.
Reprenant certaines des idées de ses précédents spectacles (et en particulier celui en Ch'ti), l'auteur cherche particulièrement à ne pas tomber dans la caricature moqueuse et facile. Son but est de rendre hommage au nord, victime aux yeux d'une certaine catégorie de gens de préjugés, comme le froid, le chômage, la pauvreté, les mines, et bien d'autres encore. En aucun cas, Boon ne veut tomber dans la facilité (comparaison gens du nord/ gens du sud, moquerie liée au côté rustre du patois), et s'attelle donc à fignoler un scénario finalement pas aussi facile que l'on pourrait imaginer.
 

 
Le cinéaste, scénario en main, s'attelle à trouver ses premiers et seconds rôles. Pour le personnage d'Antoine, le postier Ch'ti, la question ne se pose même pas: ce sera lui-même qui le jouera. Mais il reste à trouver les autres "locaux". Après quelques recherches, les rôles masculins sont vite trouvés. Ce sera beaucoup plus difficile pour les personnages féminins du film. Beaucoup plus... Et pourtant, il n'y en a pas beaucoup. Deux, en tout et pour tout. La mère d'Antoine, et la fille qui fait battre son coeur. Originaire d'Armentières, Dany Boon ferra finalement appel à l'autre célébrité de la ville, la Mademoiselle from Armentières, Line Renaud. Elle est originaire du nord, mais après un nombre d'années que le décence interdit de mentionner l'actrice/chanteuse a perdu son accent. Et aura beaucoup de mal à le reprendre dans le film. Et pour la jeune fille, Annabelle, se sera Anne Marivin (Podium) qui obtiendra le rôle. Elle aussi aura beaucoup de mal à prendre l'accent. Le gros défaut du film résidera d'ailleurs dans les deux actrices, dont l'accent sonne vraiment faux.
Les autres seconds rôles, ainsi que les figurations, seront tous tenus par des gens du nord, heureux de participer à un film mettant en avant leur région (pour une fois que ce n'est pas un drame minier qui y est tourné...).
Comme toujours dans ce genre de film, c'est au travers de l'irruption d'une tierce personne dans une communauté que les scènes d'humour se créent. Pour jouer ce chien dans le jeu de quille, après un certain temps de recherche, se sera Kad Merad qui sera choisi. Le comique, reconverti en acteur (et même récompensé aux Césars pour Je vais bien, ne t'en fais pas en 2006), est LA révélation du film. Diablement charismatique et drôle (mais cela, on le savait déjà), il arrive à faire s'identifier le public à son personnage. Et à faire rire sans tomber dans l'archétype.
 

 
Dany Boon, en parfait enfant du pays, a tenu à ce que son film sorte dans le Nord (et dans la Picardie, les cousins) une semaine avant qu'il ne sorte sur le reste des écrans français. Le succès a immédiatement été phénoménal. Dans tout le reste de la France, les gens se disent: "mais quel est donc ce film qui marche si fort"?
A sa sortie dans le reste du pays, c'est une véritable déferlante. Qui mettra des semaines (des mois) à se tarir. Avant cela, seuls des films comme Titanic et la grande vadrouille avaient réussi à créer un tel buzz. Sans pour autant arriver à un tel niveau.
Le film a pris une telle ampleur que Bergues, le film dans lequel se déroule le film, est devenu un lieu de visites pour touristes en quête d'informations sur le film, comme l'avait été St-Tropez suites aux aventures de ce fameux gendarme joué par Louis de Funès il y a maintenant 40 ans. Juste retour des choses pour une région si accueillante, mais où personne ne voulait aller. Le film aura au moins apporté cela, l'envie pour toute une partie de la population française, d'aller dans le nord.

 
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En 2008, s'il est un film qu'il se faut d'avoir vu, c'est bien ce Bienvenue chez les ch'tis. Bien moins prétentieux (et beaucoup plus drôle) qu'Astérix aux Jeux Olympiques, au casting luxueux pourtant à priori bien plus bankable, le film de Dany Boon est une bouffée d'oxygène dans une période où les gens n'ont jamais autant eu besoin de rire.
Le film a réussi, grâce à un bouche à oreille très positif (là encore, contrairement au film des réalisateurs Frédéric Forestier et Thomas Langmann), à exploser tous les records d'entrée, devenant ni plus ni moins que le film français le plus vu de tous les temps. Ni plus, ni moins.
Pour son deuxième film, Dany Boon frappe un grand coup. L'enfant du Nord est devenu un géant. Bravo!
 
Le sud a eu pour porte parole Fernandel, le nord s'est trouvé le sien. Il se nomme Dany Boon.