S'il est bien un tueur en séries qui a fait coulé beaucoup d'encre, c'est bien Jack l'Eventreur.
Stéphane Bourgoin
revient ici sur cette affaire qui avait défrayé la chronique en son temps (il s'agit d'ailleurs sans doute du premier tueur en série véritablement médiatisé),
et dont l'identité restera sans doute à jamais inconnue. D'ailleurs,
Stéphane Bourgoin évite le piège
du résolutionnisme, démontant pratiquement toutes les pistes ou théories jusque là avancées, des plus farfelues (les théories conspirationnistes mettant en
avant le médecin de la reine, Si William Gull, ou bien le petit fils de celle-ci, le Prince Albert Victor, voir même
Lewis Carroll) aux plus crédibles (Francis J. Tumblety
- la piste qui reste aujourd'hui encore la plus sérieuse-, George Chapman, Aaron Kosminski, Michael Ostrog). Pour cela, l'auteur s'appuie sur les techniques modernes de profilage, ainsi que sur
une analyse sérieuse et complète des faits, et en particulier de tous les procès verbaux de la police. Ainsi, là où l'on reconnait cinq victimes à
Jack l'éventreur,
Stéphane Bourgoin n'en verrait que quatre: Mary Ann Nichols, Annie Chapman, Catherine Eddowes et
Mary Jane Kelly, Elizabeth Stride ayant été quand à elle sans doute tuée par une autre personne (mode opératoire différent, description de l'agresseur ne
correspondant par au portrait robot de Jack l'Eventreur, ...).
Stéphane Bourgoin décortique les faits, quitte à écorner le "mythe" (ainsi, d'après lui le nom de
Jack l'Etrangleur aurait été plus approprié, puisque le tueur tuait ses victimes par strangulation avant de les mutiler), en particulier en ce qui concerne l'incompétence
de la police qui, d'après l'auteur, a au contraire effectué un excellent travail, trouver un tueur en série étant toujours une chose très compliquée, même
de nos jours avec les techniques modernes.
Les lecteurs qui s'attendaient à découvrir une énième théorie seront peut-être déçus, mais ce livre a au moins l'énorme avantage de
refléter la vérité, en tout cas en ce qui concerne les faits vérifiables (ce qui est loin d'être le cas de la majorité des autres œuvres écrites
sur Jack L'Eventreur,
Jack l'éventreur : Affaire classée de
Patricia Cornwell en tête).
Cette analyse est complétée par plusieurs nouvelles abordant le thème de Jack l'Eventreur, ainsi qu'une liste quasi exhaustive (en tout cas aussi exhaustive que possible) des
écrits et films concernant le tueur de Whitechapel. Les nouvelles, souvent inédites en français sont les suivantes:
Dans l'abattoir (1891), auteur anonyme.
Le démon spirite (1894),
Hume Nisbet.
Les dossiers secrets du roi des détectives : Jack L'Eventreur (1908), auteur anonyme.
Jack L'Eventreur (1934),
André de Lorde et
Pierre Chaîne.
Love Story (1951),
Kay Rogers.
Dulcie (1963),
Hugh Reid.
Sagittaire (1967),
Ray Russell.
le retour de Jack l'Eventreur (1985),
Wiliam F. Nolan.
si les nouvelles sont d'un niveau inégal, elles sont toutefois représentatives de l'attrait du public pour cette histoire, même après plus de cent ans.