Nul ne peut nier à la lecture de ce
Mr. Ashenden, agent secret, le talent littéraire du grand
Somerset Maugham, qui met face à face une plume légère et une poésie des mots d'un côté,
et de l'autre une dureté des faits et une cruauté des actes. Inspiré de la véritable vie d'espion de l'auteur, ce récit avait tout pour plaire. Mais, faute
de pouvoir démêler la fiction de la réalité, l'histoire perd de son intérêt historique. Il ne reste plus que l'histoire d'espionnage et le suspense. Mais
faute à une histoire par trop morcelée.
Mr Ashenden, l'agent secret passe d'une mission à une autre, sans aucun lien ou presque entre les différentes
affectations du héros, chaque nouvelle (ou chapitre) étant indépendante des autres. Résultat, un manque de suspense flagrant.
Le lecteur reste alors grandement sur sa fin, aussi bien sur le point de vue historique que sur celui du pur plaisir lié au roman d'espionnage.
Cependant, il est clair que le roman de
Somerset Maugham a en partie influencé les auteurs de la génération
à venir,
John le Carré en tête, avec ses histoires d'espionnage très terre à terre, loin des aventures de l'agent 007, pourtant elles aussi
inspirées de l'expérience d'espion de
Ian Flemming. Mais l'espionnage pendant la première guerre mondiale et pendant la guerre froide n'ont évidemment que
peu de points communs.
En 1936,
Alfred Hitchcock tournera une version très libre de ce roman, nommée
4 de l'espionnage, prenant un personnage mineur du roman, le général mexicain, et en faisant pratiquement le
héros du film. De même, le cinéaste mélangera plusieurs trames (le chien pleurant la mort de son maître et l'assassinat d'un innocent par le
général) pour faire coïncider l'histoire de
Somerset Maugham et l'univers du futur réalisateur de
La Mort aux trousses.