Conclure une saga, surtout lorsque celle-ci est aussi longue (13 volumes, et ce sans compter la saga des
Aventuriers de la mer, les deux
cycles étant intimement liés, l'un de pouvant totalement se comprendre sans l'autre) est toujours difficile. Non seulement en terme
d'idées, mais aussi et surtout au niveau émotionnel, l'auteur risquant soit de bâcler la fin de son cycle, pensant déjà
à son prochain roman, et donc en étant trop pressé de se débarrasser de ses personnages, soit au contraire
l'auteur n'arrive pas à faire un croix définitive sur ses héros, et donc laisse intentionnellement des parties non
résolues.
Robin Hobb arrive haut la main à éviter ses deux
écueils, et avec ce dernier volume des aventures de Fizt nous livre une véritable conclusion à sa saga, réconciliant son
héros, jusque là tourmenté par les événements, un retour à la vie et une récon;ciliation avec ses proches.
Tandis que le roman commence par une remise en question complète du héros face à lui-même et aux deux personnes dont il
est le plus proche, c'est à dire son père adoptif Burrich et son meilleur ami le Fou, tout deux au travers de leur mort (et de leur
résurrection pour l'un deux). Cette première partie du livre est très émouvante, loin des sentiments des romans d'Heroic Fantasy.
Il est d'ailleurs important de noter que dans ce tome il n'y a aucun combat physique, aucun ennemi à vaincre, et aucun péril dont seul
Fitz peut vaincre. Et pourtant... Pourtant Fitz doit maintenant livrer son plus dur combat: le combat contre lui-même, le combat contre
l'homme qu'il est devenu au fil de sa vie en tant qu'assassin royal, combat pour sa paix intérieure.
Une fois la paix faite avec le Fou et Burrich, deux proches qu'il ne reverra plus jamais, Fitz doit encore retourner à la cour de Castlecerf
et affronter sa fille Ortie, qu'il n'a jamais vu, et Molly, l'amour de sa vie qui le croit toujours mort depuis maintenant 16 ans. Les fils
tissés inexorablement pendant toute sa vie doivent impérativement être défaits pour être retissés si le
Bâtard Royal veut se réconcilier avec ceux qu'il lui reste.
Au final, ce volume, pétri de nostalgie sur les intentions manquées et d'humaniste, est émouvant et reposant, surtout
après tous les malheurs qui ont marqués note héros. Fitz Chevalerie Loinvoyant est enfin en paix. Longue vie au Bâtard
Royal.
Adieux et Retrouvailles marque la fin d'une des plus grandes sagas d'Heroic Fantasy de ses 20 ou 30 dernières années.
Robin Hobb est un grand nom de la Fantasy humaniste, dont les traitements
s'éloignent suffisamment des sentiers battus pour devenir obligatoire pour tout fan de littérature fantastique.