Faisant suite à son
Traité d'athéologie, ce
souci de plaisirs, construction d'une érotique solaire
se concentre sur un point particulier du dogme cher à
Michel Onfray, à savoir le déni du corps et plus
particulièrement de la sexualité dans l'occident chrétien.
Si le sujet est on ne peut plus intéressant, ne serait-ce que d'un point de vue ontologique, il aurait nécessité une analyse plus neutre et surtout plus documentée. En
effet, le problème de
Michel Onfray est de trop facilement conclure, y compris et surtout faute de preuve concrète (en fait,
il fait exactement ce qu'il reproche à ses "ennemis philosophiques", les croyants ancrés dans leurs certitudes). Un exemple? Toute sa théorie se base sur une interprétation
de la fameuse Epine dans la chair du Père de l'Eglise, à savoir d'après l'auteur un problème d'impuissance sexuelle (pour rappel personne n'a jamais pu démontrer
quel était le problème de Paul, l'existence même du personnage ayant été mis en doute par certains), une impuissance qui aurait pousser le saint à imposer
à l'ensemble du monde chrétien un refus de la sexualité (je ne peux pas être comme vous, alors soyez comme moi!). De cette simple hypothèse, déjà
abordée dans son
Traité d'athéologie,
Michel Onfray
réécrit en quelque sorte le lien qui oppose corps et esprit dans l'idéologie chrétienne.
Si l'idée est intéressante (voir même cohérente), l'hypothèse de travail est pour le moins sujette à caution.
Par contre, son analyse de soi-disant libres-penseurs que sont
le marquis de Sade et
Georges Bataille (deux personnages que
Michel Onfray ne porte pas dans son cœur) est éclairante même si, là encore, les preuves appuyant les dires du
philosophe ont tendance à manquer.
Si voir
Michel Onfray défendre une sexualité libre, qui fait abstraction des blocages (voir même des tabous) au sexe que
l'on ne retrouve pratiquement que dans les trois religions du Livre ne peut que difficilement être critiquer (en dehors bien sur des défenseurs de la seule et unique morale
chrétienne!), il en va autrement de l'alternative qu'il propose, à savoir une approche indienne de la sexualité: il ne s'agit ni plus ni moins que d'échanger une religion
par une autre, plus exotique au yeux d'un occidental, et donc plus "malléable" parce que moins connue (ce qui explique l'intérêt que porte un occident de plus en plus agnostique
vers la bouddhisme, une religion vue -à tort- comme une religion sans dieu). On attendait plus d'un philosophe que de nous dire que l'herbe est plus verte chez nos voisins!
Si cet essai est très loin de répondre aux questions que tout à chacun est en droit de se poser s'il a été élevé dans un pays à la culture
catholique (en gros l'Occident, ainsi que de nombreux pays sud-américains et africains), et ce que l'on soit catholique, athée, ou bien d'une autre religion, il pose au moins les bases
d'une réflexion (cette fois-ci personnelle) sur un sujet profond et fort complexe: la rapport qui existe entre corps, esprit (ou âme pour les croyants), hédonisme et déni du
plaisir.