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Pars vite et reviens tard



 
Pars vite et reviens tard, chez J'ai lu

 

Auteur

Fred Vargas

 

Genre

Policier
 

Année de sortie

2001
 

Résumé

Ce sont des signes étranges, tracés à la peinture noire sur des portes d'appartements, dans des immeubles situés d'un bout à l'autre de Paris. Une sorte de grand 4 inversé, muni de deux barres sur la branche basse. En dessous, trois lettres : CTL. A première vue, on pourrait croire à l'oeuvre d'un tagueur. Le commissaire Adamsberg, lui, y décèle une menace sourde, un relent maléfique. De son côté, Joss Le Guern, le Crieur de la place Edgar-Quinet, se demande qui glisse dans sa boîte à messages d'incompréhensibles annonces accompagnées d'un paiement bien au-dessus du tarif. Un plaisantin ou un cinglé ? Certains textes sont en latin, d'autres semblent copiés dans des ouvrages vieux de plusieurs siècles. Mais tous prédisent le retour d'un fléau venu du fond des âges...
 

 

Avis

Note :
 
Fred Vargas, auteure à succès, propose au lecteur avec ce pars vite et reviens tard un roman riche, mélange subtil de policier, de comédie (ou drame) de moeurs, ainsi que d'histoire de France.
Le style de l'écrivain, qui fait sa force par rapport à ses concurrents, peut parfois être vu comme ampoulé, plus proche de la littérature générale (mainstream en anglais), et donc par définition peu propice au genre, qui demande une concision et une fluidité souvent incompatible avec un style littéraire plus riche. Cependant, dans le cas de ce roman, en dehors des deux ou trois premiers chapitres qui peuvent donner une impression de lourdeur, le style s'avère très rapidement être suffisamment concis pour ne pas perdre de vue le but premier du genre: l'efficacité. De ce point de vue là, aucun doute, l'auteure maitrise son sujet, avec ce qu'il faut de rebondissements et de suspens pour maintenir en haleine le lecteur pendant les 350 pages du roman.
Il faut dire qu'elle utilise à fort bon escient ses connaissances d'historienne pour créer de toutes pièces une trame originale et bien ficelée, dont il sera difficile de deviner les tenants et aboutissants avant les dernières pages.
Roman résolument mélancolique, Pars vite et reviens tard arrive à nous faire aimer ses personnages, y compris les mauvais bougres, qui, chose rare dans les romans policiers, ont une vraie consistance humaine, avec leurs défauts et leurs qualités. Pratiquement tous les personnages du roman sont des freaks, usés par la vie, en déphasage avec l'image que l'on se fait habituellement de héros de romans. A moins que justement, cela ne fasse pas d'eux des monstres, mais des êtres humains, sensibles, bêtes parfois, mais toujours crédibles. Et ce malgré l'oeil amusé de l'auteur, qui joue avec leur candeur, leur animosité et les petits tracas. La force du roman est de savoir s'intéresser à tous les personnages, et pas seulement les trois ou quatre premiers rôles. Même si parfois on frise la caricature, on se sent toujours en présence de personnages consistants, et pas seulement d'enveloppes creuses présentes là uniquement pour satisfaire les besoins de l'avancement du roman. Bref, Fred Vargas nous propose en plus une tranche de vie, d'une certaine tranche de la population française, celle qui a du mal à vivre avec ses problèmes. N'est-ce pas finalement la plus grande partie de la population?
En se focalisant sur une vie de quartier parisien, vie de quartier qui existe de moins en moins dans une capitale déshumanisée par le rythme imposé par la société, l'auteur arrive à nous faire retrouver l'ambiance propre au vieux (et très bon) roman policier français, symbolisé par des auteurs comme Simenon, ce qui fait vraiment du bien. Ou comment faire du neuf avec du vieux!
Fred Vargas arrive à s'éloigner du style américain, qui s'impose même auprès des auteurs français (Maxime Chattam par exemple), pour le plus grand plaisir du lecteur.

 


 
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