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Somewhere


 
Affiche du film

 


 

Titre original

Somewhere

Synopsis

Johnny Marco, acteur à la réputation sulfureuse vit à l'hôtel du Château Marmont à Los Angeles. Il va recevoir une visite inattendue : sa fille de 11 ans.

Genre

Drame

Année de production

2007

U.S.A.

Date de sortie en France

5 janvier 2011

Réalisateur


Musique

Phoenix

 
 

Casting

Acteur
Photo
Rôle
Stephen Dorff
Stephen Dorff Johnny Marco
Elle Fanning
Elle Fanning Cleo
Chris Pontius
Chris Pontius Sammy
Aurélien Wiik
Aurélien Wiik Le français
Michelle Monaghan Rebecca
Lisa Lu La journaliste chinoise
Simona Ventura
Simona Ventura La présentatrice de Telegatto
Maurizio Nichetti
Maurizio Nichetti L'homme écompensé de Telegatto
Damián Delgado Victor
Laura Ramsey
Laura Ramsey La fille nue avec une casquette de marin
Caitlin Keats
Caitlin Keats Une invitée à l'entrée du Château
David Jean Thomas
David Jean Thomas Le croupier du casino
Michelle Lima Une jolie fille au Château
Peter Arpesella L'acteur de doublage
Benicio Del Toro
Benicio Del Toro Lui-même
Alden Ehrenreich
Alden Ehrenreich  
Robert Schwartzman  

 


 

Récompenses

Festival de Venise Festival de Venise
Catégorie
Année
Bénéficiaire
Lion d'Or2010Sofia Coppola

 

Critique du Film

Note :
 
 
Stephen Dorff et Elle Fanning dans Somewhere

 
Alone in the Light

Après l'échec à la fois critique et commercial de son précédent film Marie Antoinette, Sofia Coppola décide de changer son fusil d'épaule: retour à un scénario original, là où Marie Antoinette était adaptée d'un roman d'Antonia Fraser; mais aussi et surtout retour à un cinéma simple, antithèse du faste de son biopic royal (un film au budget de 40 millions de $, contre environ 7 millions pour Somewhere).
C'est donc Sofia Coppola qui écrira l'histoire de son nouveau film, signant son deuxième script, après Lost in Translation. Sans être véritablement autobiographique, l'histoire de Somewhere s'inspire grandement des souvenirs d'enfance de la réalisatrice. Le personnage de Cleo est ainsi nourri des émotions qu'elle même a connues en suivant son père, Francis Ford Coppola, à travers le monde. Mais Johnny est lui aussi une extrapolation d'elle-même, mais cette fois-ci vis à vis de ses enfants à elle.
Sofia Coppola, qui a décidemment la bougeotte, tournera son film en partie en Italie, après les Etats-Unis pour Virgin Suicides, le Japon pour Lost in Translation, et la France pour Marie Antoinette. L'Italie, sorte de retour sur les traces des ses ancêtres, est un choix idéal pour un film qui se veut justement une réflexion sur son passé, mais aussi son avenir.
 
Stephen Dorff et Elle Fanning dans Somewhere

 
Si le film parle de sa famille, la production du film a elle aussi un fort goût familial. En effet, le film n'est produit par nul autre que son propre frère, Roman Coppola, ainsi que par le père, Francis Ford Coppola, au travers de sa société de production American Zoetrope. Et à la musique, on retrouve le groupe Phoenix, dont le leader, Thomas Mars, n'est ni plus ni moins que le compagnon à la ville de Sofia Coppola.
La réalisatrice a aussi fait appel à la monteuse Sarah Flack qui, si elle ne fait pas à proprement parler de la famille Coppola, est en tout de même à sa troisième collaboration avec Sofia, après Lost in Translation et Marie Antoinette.
Devant la caméra, Somewhere verra aussi passer, au travers de plus ou moins rapides cameos, quelques personnalités du monde du septième art, comme Benicio Del Toro, les italiens Simona Ventura et Maurizio Nichetti, le français Aurélien Wiik, et l'américain Alden Ehrenreich (héros du Tétro de Francis Ford Coppola).
 
Elle Fanning dans Somewhere de Sofia Coppola

 
En ce qui concerne le casting des deux acteurs principaux, Sofia Coppola a visiblement cherché à faire coïncider au maximum image de l'acteur et personnage dans le film. Ainsi, Stephen Dorff, qui se voit souvent collé une image de bad boy (à tort ou à raison), s'avère être un choix parfait pour incarner Johnny, le jeune acteur starifié vivant une véritable vie de débauche, où l'alcool coule à flot et les femmes se multiplient dans son lit (une multiplication qui va jusqu'au dédoublement, avec les jumelles Kristina Shannon et Karissa Shannon). L'acteur trouve ici un rôle qui lui permet (enfin) de prouver son talent d'acteur, lui dont la carrière a eu beaucoup de mal à décoller.
Pour jouer sa fille, c'est le producteur Fred Roos qui propose à Sofia Coppola d'engager Elle Fanning, après l'avoir vu dans L' Etrange histoire de Benjamin Button. La réalisatrice a eu peur d'avoir affaire à une actrice trop pro, manquant de spontanéité, avant de rapidement revenir sur son impression. Elle Fanning, sœur de Dakota Fanning, est la véritable révélation du film.
Le film laisse la part belle aux improvisations, dans le but de donner une image réaliste au film. Chose peu fréquente au cinéma, les acteurs n'ont pas répété leurs rôles avant le tournage, justement afin de ne pas perdre cette spontanéité si importante aux yeux de Sofia Coppola. Par contre, afin de sa familiariser l'un à l'autre, Stephen Dorff et Elle Fanning passeront beaucoup de temps ensemble avant le tournage, se découvrant ainsi en prévision du tournage.
Afin de compléter cet effet réaliste, le film fut tourné pratiquement en totalité en décors naturels, que ce soit en Italie, mais aussi au prestigieux Château Marmont, un lieu mythique de Sunset Boulevard, où se retrouvent les stars, et qui a vu aussi bien les débuts de James Dean (il y a passé ses premiers castings) que la fin de John Belushi (l'acteur est mort d'une overdose au Château Marmont).
Tout le film tourne autour de ce minimalisme, que ce soit la mise en scène, figée au possible (le film compte plusieurs plans séquences avec une caméra fixe), la technique (éclairage et photographie en particulier), et bien entendu le jeu des acteurs.
 
Stephen Dorff dans Somewhere

 
Si le film aborde plusieurs thèmes, de l'amour filial salvateur, à la superficialité de l'argent, deux idées en particulier émergent de Somewhere:
L'ennui des vedettes et de leur progéniture: une thématique peu abordée au cinéma et dans les médias, elle a ici d'autant plus de force qu'elle est due à une personne qui a tenu la position et de la vedette et de l'enfant de vedette. Le Château Marmont prend ainsi dans le film une double signification, soit repère de débauche (comme il apparaît au début), et donc "récompense" pour les stars, soit purgatoire pour personnalités (comme il s'avère très rapidement être). Et la star a beau être au milieu des siens, aussi bien vedettes, amis que famille, elle n'en reste pas moins seule.
L'enfermement. Un sujet que Sofia Coppola aborder d'une façon ou d'une autre dans tous ses films; de jeunes filles cloitrées chez elles dans Virgin Suicides, des américains coincés dans un hôtel car incapable de communiquer avec les autochtones dans Lost in translation, une reine dont l'univers se limite à son palais dans Marie Antoinette. Ici, l'enfermement est à la fois physique, avec son héros que l'on déplace d'hôtel en hôtel au gré des besoins, mais aussi mental, avec cette solitude qui a pour conséquence de laisser son héros seul avec lui même.
 
Mais si le film paraît plutôt dramatique, il n'est pas sans espoir. En effet le héros a la possibilité d'échapper à sa situation (contrairement aux sœurs Lisbon dans Virgin Suicides, voir même à dans Charlotte dans Lost in Translation). Si le choix n'est pas facile, autant d'un point de vue relationnel que professionnel, il est possible, et n'implique pas forcément un déni absolu ni de l'argent ni de son passé (le genre de message que le cinéma mainstream a l'habitude de nous marteler, aussi bien dans le cinéma français - cf. 99F- que dans le cinéma américain - comme dans Wall Street, l'argent ne dort jamais).
Ainsi, le dialogue à propos de Twilight dans le film peut être lu à plusieurs niveaux: au premier degré comme un simple dialogue entre son père et sa fille, l'un découvrant les centres d'intérêt de l'autre. Au second degré, la sœur d'Elle Fanning, Dakota Fanning, jouant justement dans les films de la saga Twilight, et ce depuis le second épisode. Ensuite, lorsque l'on sait qu'il fut proposé à Sofia Coppola de tourner le blockbuster Twilight, chapitre IV : Révélation, on peut interpréter ce dialogue comme un choix de la part de la réalisatrice (même si la réalité est plus complexe) de ne pas se lancer dans un blockbuster afin de se consacrer à sa famille. Toujours dans le même genre d'idée, si Stephen Dorff n'a pas joué dans la saga Twilight, il n'en a pas moins incarné un vampire dans Blade. Là aussi, le message peut être lu comme un retour pour l'acteur à des films moins prestigieux mais plus riches humainement parlant.
 
Sofia Coppola recevant son Lion d'Or pour son film Somewhere

 
En recevant le Lion d'Or du Festival de Venise en 2010, Somewhere et sa réalisatrice Sofia Coppola ont soulevé la polémique. En effet, le prix a été remis par le président du jury, Quentin Tarantino, qui fut un temps le petit ami de la réalisatrice. Le prix a donc eu un relent de favoritisme, que bien évidemment le réalisateur de Pulp Fiction a totalement démenti. Il faut cependant préciser que Somewhere rentre totalement dans la lignée des films primés à Venise: un cinéma expérimental, loin des clichés Hollywoodiens, minimaliste au possible, et qui a en plus la particularité de montrer le côté sombre, déprimant, et parfois même vide de sens, du vedettariat.
 
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  Film Pourquoi
The Wrestler The Wrestler Précédent Lion d'Or de Venise, le film de Darren Aronofsky traite lui aussi de la solitude lié à la célébrité.
Lost in Translation Lost in Translation Parce que les deux films ont en commun d'avoir été écrits par Sofia Coppola, et surtout d'aborder le thème de la solitude et du déracinement des acteurs.
La Barbe à papa La Barbe à papa Parce que le film de Peter Bogdanovich, qui raconte comment un homme, qui vit d'arnaques, se découvre une fille âgée d'une dizaine d'années et apprend à revivre à ses côtés, a beaucoup influencé Sofia Coppola pour Somewhere.
 
 


 

Conclusion

Sofia Coppola signe avec Somewhere, après Lost in Translation, son deuxième scénario original. Et dans les deux cas, étrangement, l'histoire tourne autour de la solitude d'un acteur de renommée internationale, un acteur qui doit faire face au vide de sa vie avant qu'il ne soit trop tard. Mais, comme c'est souvent le cas, le premier jet était plus réussi que le second, Lost in Translation étant bien plus fréquentable que Somewhere, et ce malgré le Lion d'Or obtenu à Venise par celui-ci.
Somewhere, et en cela on ne peut que saluer le film de la jeune femme, se veut minimaliste au possible, en réaction au cinéma ultra friqué mais souvent creux de la production hollywoodienne actuelle. En cela, Somewhere est un film bien plus européen qu'américain, aussi bien dans sa facture que dans son approche thématique.
 
Si le minimalisme n'est pas en soit rédhibitoire, surtout lorsqu'il est en harmonie absolue avec les émotions qui animent le personnage principal, il est cependant extrêmement dommage que ce qui anime le dit personnage est justement le vide absolu, qui se conclut par un ennui total de la part du spectateur.
 

 
Elle Fanning dans Somewhere de Sofia Coppola

 

 


 
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