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Avalon

Affiche du film


Titre original

Avalon

Synopsis

Dans un futur proche, une jeunesse désabusée s'est créée une réalité alternative : un jeu de guerre virtuel et illégal, Avalon, du nom de l'île légendaire où reposent les âmes des héros du jeu...

Genre

Science Fiction

Année de production

2001

U.S.A. France Japon

Date de sortie en France

27 mars 2002

Réalisateur

Mamoru Oshii

Musique

Kenji Kawai

Casting

Acteur
Photo
Rôle
Malgorzata Foremniak
Malgorzata Foremniak Ash
Dariusz Biskupski
Dariusz Biskupski Bishop
Jerzy Gudejko
Jerzy Gudejko Murphy
Wladyslaw Kowalski
Wladyslaw Kowalski Le maître du jeu
Bartek Swiderski
Bartek Swiderski Stunner

Critique du Film

Note :

Ash (Malgorzata Foremniak) dans la réalité? Ou toujours dans le jeu

Mamoru Oshii, réalisateur des films d'animations Patlabor 1 et 2, ainsi que de Ghost in the shell, revient avec le film Avalon à ses premiers amours : le film live.
Cette longue absence de la scène cinématographique de l'auteur s'explique en partie par une période difficile pour l'animation, et ce malgré le succès de Ghost in the shell, mais aussi par le fait que Mamoru Oshii est un accro absolu des jeux vidéos, comme beaucoup de ses concitoyens japonais, et qu'il a perdu approximativement trois ans de sa vie devant son écran à jouer, essentiellement au jeux de rôles.
De cette longue période l'auteur en a tiré deux choses:
 Un fort sentiment de culpabilité vis à vis des années perdues devant son écran d'ordinateur.

la maison où habite Ash et son chien dans le monde futuriste d'Avalon

 un scénario: celui qui aboutira au film Avalon. En effet, l'auteur se dit qu'il est vraiment dommage que certains jeux, comme le loto, permettent de faire gagner de l'argent à ceux qui y jouent, alors que les autres, les jeux vidéos en particulier, ne le permettent pas. Il imagine alors un monde où ce serait le cas.
Le film apparaît alors clairement comme une tentative d'explication pour les non joueurs de l'addiction induite par ces jeux, ainsi qu'un hommage pour les hardcore gamers leur disant: "vous avez raison de jouer! Dans un monde idéal on devrait vous payer pour cela". Et pourtant, le monde décrit dans le film est loin d'être idéal, plongé constamment dans une ambiance glauque, les gens vivant dans une pauvreté presque totale. Le film ressemble beaucoup esthétiquement aux films de Terry Gilliam, Brazil et l'armée des douze singes en tête, même si Mamoru Oshii se défend premièrement d'être influencés par le réalisateur britannique, et secondement de traiter des sujets similaires à celui-ci, alors que le film de chevet du japonais n'est autre que la jetée de Chris Marker (1962), dont l'armée des douze singes est le remake. Les coïncidences sont un petit peu trop nombreuses pour n'être que des coïncidences. Mais peut-être que Mamoru Oshii n'a pas réellement conscience de l'apport de l'ex Monthy Python sur son cinéma. De même, c'est peut-être le cas de l'influence Cyberpunk propre au cinéma japonais, énormément influencé par l'oeuvre de l'écrivain américain William Gibson.

Ash (Malgorzata Foremniak): l'une des meilleures joueuses du jeu Avalon

De son coté hardcore gamers, et plus particulièrement fan de jeu de rôles, Mamoru Oshii tire de ses loisirs un langage (les termes utilisés dans le jeu Avalon sont directement sortis du jeu de rôle, avec ses classes de personnages, l'expérience acquise en combat, etc...), et des buts à ses protagonistes (passer au niveau supérieur). Les gamers fous remarqueront d'ailleurs qu'alors que l'inspiration de l'auteur est typiquement rôlistique, le jeu Avalon est une extrapolation grandeur nature des jeux massivement online, en pleine explosion au moment de la sortie du film. En s’intéressant aux deux grosses catégories de joueurs (les adeptes du JdR et les fans de FPS), l'auteur caresse ainsi dans le sens du poil les principales cibles potentielles de son film. En jouant sur une certaine forme de philosophie ésotérique, le scénario cherche enfin à coller au plus près du sujet du grand succès du moment, à savoir Matrix, des frères Wachowski. Cependant, dans ce film, le message (déjà pas aussi profond que cela dans le film des Wachowski) sombre ici dans le néant quasi absolu. L'ajout de la légende arthurienne n'y changera rien, le film restant superficiel dans le traitement de ses idées. La dernière partie du film, hautement prévisible pour plus d'une raison, tombe ainsi à plat, frisant même le ridicule tant le réalisateur semble y mettre de la volonté.
Par contre là où l'on ne peut que louer les qualités du réalisateur, c'est bien sur l'esthétisme. Les images, dont les couleurs très neutres, proches du noir et blanc, sont léchées, rappelant à qui en a besoin, que Mamoru Oshii sort de l'animation japonaise, où la recherche de l'image est toujours primordiale. On retrouve d'ailleurs de nombreuses scènes typiquement manga dans son film live. La photographie est bien la partie la plus réussie de ce film, les nombreuses retouches numériques ajoutant encore une touche d'originalité. Ces images retouchées par ordinateur ont aussi permis à l'auteur de jouer jusqu'au moindre détail apparaissant à l'écran, comme le clignement des yeux de l'actrice par exemple. De ce coté là force est de constater la réussite du réalisateur et de son équipe technique.

Ash (Malgorzata Foremniak) et la réalité: un vaste sujet

Le film a été tourné en Pologne, pour des raisons budgétaires (un film tourné dans ce pays coutant évidemment beaucoup moins cher qu'un film tourné au pays du Soleil levant), et aussi pour des raisons symboliques, le film tournant autour du mythe typiquement européen des légendes arthuriennes (oui, la Pologne n'est pas vraiment -pas du tout- l'Angleterre, mais après tout, pour un japonais l'Europe n'est pas très clairement définie). Il se trouve que les décors naturels des villes polonaises en ruines (symboles encore vivace de la Seconde Guerre Mondiale) sont parfaits pour le film, une grande majorité des scènes du jeu se déroulant dans un environnement de guérilla urbaine. L'armé polonaise a d'ailleurs prêté ses véhicules (hélicoptères, chars, canons,...) et ses soldats pour plus de réalisme (un comble pour un jeu vidéo).
Les acteurs ont eux aussi été choisi sur place. Tous ou presque sont issus du monde du théâtre, avec les qualités et les défauts que cela implique (le risque principal étant de tomber sur des acteurs qui surjouent leurs rôles). Le casting fait d'ailleurs partie des faiblesses du film, les acteurs étant en moyenne assez médiocre, voir mauvais dans le cas de Jerzy Gudejko, visiblement plus à l'aise sur les planches que devant une caméra. L'actrice principale, Malgorzata Foremniak ne s'en tire quand à elle plutôt bien. Il faut dire que, même si Mamoru Oshii a eu besoin d'un interprète tout le long du film, les acteurs et le réalisateur n'ayant aucune langue en commun, ce dernier a prêté une grande attention à son actrice principale; trop peut-être, car le japonais a reconnu être tombé amoureux de son actrice, sans que cela ne soit malheureusement réciproque. Ce n'était pas la première fois que cela lui arrivait, soit dit en passant, Mamoru Oshii tombant systématiquement amoureux de ses actrices lors de tournages en live. Fait amusant, l'acteur jouant le rôle de Bishop se nomme Dariusz Biskupski, son nom de famille se traduisant en anglais par ... Bishop. Un rôle fait sur mesure.

le prêtre, un personnage énigmatique proche visuellement de la Mort chez Bergman

Ce film, sorti 10 ans auparavant, aurait pu révolutionner le genre, ou tout au moins aurait fait preuve d'une certaine originalité. En 2001, à sa sortie, le sujet était devenu éventé, et le manque de profondeur dans le traitement pousse le spectateur à se demander quel est la réelle ambition du film, et quelle est la vision du réalisateur sur un sujet pourtant aussi complexe: la rapport à la réalité!

   
 


Conclusion

Un film creux où l'hermétisme du traitement masque la superficialité du sujet.
Sur un sujet très proche, il est plutôt conseillé de se replonger dans le film Matrix des frères Wachowski.
A noter cependant que ce film est considéré par certains comme un chef d'oeuvre absolu du cinéma de ce nouveau millénaire, voir du seprième art tout entier.

 

le monde d'Avalon vu par Mamoru Oshii


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